On nous parle sans cesse d’un prisonnier dans un pays étranger. Il le faut, évidemment. Mais pourquoi oublier systématiquement, et volontairement, ceux qui moisissent dans les prisons de « notre monde ».
Julian Assange en Grande Bretagne où il dépérît
Marwan Barghouti en Israël
Georges Ibrahim Abdallah en France (depuis 37 ans !)
Mumia Abu-Jamal, dans un mouroir aux USA
L’avocate Ebru Timtk qui vient de mourir dans une geôle en Turquie
Cela donne la nausée ce « deux poids deux mesures » suivant que les prisons se trouvent dans le monde de leurs maîtres, le monde « occidental » des USA et de l’UE, ou dans l’autre…
Revoyons le film « Les nouveaux chiens de garde » encore plus d’actualité…
Ces silences révélateurs…
Les ayatollahs de droite et sociaux démocrates du parlement européen rivalisent dans l’art de l’hypocrisie. On se souvient qu’ils ont, sous les applaudissements des députés socialistes avec en tête Raphaël Glucksman, approuvés une résolution plaçant à l’identique nazisme et communisme. Alors qu’ils ont soutenu le coup d’État en Bolivie contre Evo Morales, les voici demandant la libération de la cheffe des golpistes. Sauf que cette dame est accusée d’avoir couvert des répressions sanglantes et détournée à son profit un million de dollars.
Les mêmes feignent de s’étonner de la réaction de Moscou à leurs propres décisions d’expulsion et d’interdictions de responsables russes prenant prétexte du sort planifié à l’Ouest de M. Navalny alors qu’ils font silence sur le sort de M. Assange, des prisonniers palestiniens… Comme s’ils ne savaient pas que la Russie (quoi qu’on puisse penser de ses actuels dirigeants et de sa politique), ne reste jamais, l’Histoire en témoigne, sans réagir. Y compris quand les nazis étaient aux portes de Moscou.
Pareil pour la Chine où les nains européens croient pouvoir faire la leçon à une nation qui contrairement à l’Inde (« la plus grande démocratie du monde »,) a su maîtriser la pandémie et redémarrer son économie.
Les diplomaties française et européennes mériteraient un sérieux coup de ripolinage. Tenez, par exemple, la situation en Colombie.
Depuis trois jours, des foules immenses manifestent dans le pays contre la réforme fiscale du gouvernement Duque et les violences commises par les tueurs à son service. L’armée tire à vue à Cali, quadrille plusieurs villes du pays. Des morts par dizaines. Pas un souffle, pas un mot à Washington du côté du « progressiste » Biden, pas un mot de Macron et de l’Union européenne, silence médiatique général. Rien, nada. Bogota n’étant pas Caracas et la Colombie s’étant transformée en base d’agression militaire US contre le Venezuela, une seule règle domine à Paris et à Bruxelles : alignement sur les yankees.
L’ambassadeur de France à Caracas, M. Roman Nadal, a été prié de ne plus camper à l’aéroport international dans l’attente de son protégé, l’imbécile Guaido dont même la CIA ne veut plus et à qui il ne reste comme destination européenne que l’Élysée accessible désormais par la porte de derrière ou les toilettes des bistrots parisiens avec l’assassin affirmé des vieux, Jacques Attali. Quant à l’ambassadeur de France à Bogota, M. Gautier Mignot, il reste cloîtré dans sa résidence, bouche cousue. A tel point qu’on se demandait s’il n’avait pas été enlevé à son insu.
On ne peut se satisfaire de la déliquescence du prestige de la France dans le monde. Déjà raillée par sa gestion des crises sociales, par ses incohérences en matière sanitaire, par son amateurisme favorisant une droite fascisante à l’affût, la France aurait tout à gagner à choisir la voie, cette fois réellement « progressiste », d’écoute du monde en mouvement.
Avec Macron et sa bande, malheureusement, un vœu pieux.