Coups de gueule.

Quelques « coups de gueule » lus ou reçus ces deux derniers jours.

Le billet de Maurice Ulrich. Les rouges

Il y a désormais un peu plus de vingt ans, les rouges venaient de l’Est. C’était à la fois le sens de toutes les manœuvres militaires et le discours dominant. On redoutait l’arrivée des chars soviétiques place de la Concorde. Le monde change de base. Selon un sondage de l’institut Gallup publié par le Financial Times, aux États-Unis donc, le nombre de jeunes Américains de 18 à 29 ans ayant une vision positive du capitalisme est passé de 68 % en 2010 à 45 % aujourd’hui. Pire, enfin, mieux, ils sont maintenant 51 % à avoir une bonne opinion de l’idée du socialisme. Sans doute, c’est encore un peu flou, mais voilà aussi qu’un nombre de plus en plus important d’élues et d’élus démocrates veulent taxer très fortement les hauts revenus. Imaginerait-on cela en France macronienne ? Les rouges sont à l’Ouest. Un de ces jours, ils vont débarquer sur les côtes normandes pour nous libérer du capitalisme !

Ma chronique de l’extrême centre par Pierre Serna

Tout pour Marie, rien pour Marianne ?
Il faut rendre à Pivot ce qui appartient à Bernard. Dans un tweet digne du plus grand laconisme républicain, celui qui a amené de longues années la lecture à un grand nombre de Français, a résumé la situation. Alors que chacun voit les plus fortunés bénéficier de tous les privilèges possibles du point de vue fiscal, alors que les associations caritatives ne cessent de sonner l’alarme sur les restrictions sans fin de leur budget, Fondation de l’Abbé-Pierre en tête, en une semaine, les détenteurs des plus grandes richesses de France contribuent à centaines de millions pour reconstruire la cathédrale de Paris. Il suffisait d’entendre la voix pleine de sanglots d’une dame, caissière de 62 ans dans un hypermarché, à deux mois de sa retraite qui s’élèvera à moins de 1 000 euros par mois, pour comprendre la sidération des plus humbles. Elle aussi avait versé 20 euros, l’ensemble de la somme qu’elle demande depuis des années comme augmentation de son salaire. Mais non ! La crise, la concurrence, la solidarité avec le groupe rendent cela impossible. Le désarroi était palpable dans cette voix chevrotante. Cette femme n’avait rien contre la reconstruction, « c’est un bien beau symbole de la France » mais en « même temps » personne ne semblait avoir fait attention à elle, à ses semblables. Pendant ce temps, en face du monument de pierres objet de toutes les attentions, l’hôtel de police de Paris et tous ses suicidés, l’Hôtel-Dieu, hôpital aux urgences sinistrées, et qui connaît comme d’autres centres de soins son lot de suicides. Chutttttt ! Contre l’avis des architectes des bâtiments de France, contre l’avis des conservateurs du patrimoine, le président Macron a assuré qu’il reconstruirait l’église en cinq ans. Lorsqu’il n’y a plus d’argent pour l’école, pour les pensions, pour la santé et pour la sécurité des Français, il y en a pour rebâtir une cathédrale. La charité privée a remplacé la bienfaisance nationale. Le président veut utiliser le moment pour faire l’union autour de lui comme à chaque événement grave. Il sait si bien jouer sur les émotions altruistes de ses concitoyens. Pourtant, il n’est pas certain qu’à force de dépouiller Marianne et de laisser la République nue, pourvu que les bailleurs de sa campagne passée et de ses campagnes futures jouent à fond d’une philanthropie voyante, la conjoncture ne se retourne pas contre lui. Les flammes sont toujours un signe. Celles de Notre-Dame pourraient bien être l’ultime avertissement à un macronisme jouant trop avec le feu, finissant par provoquer l’intranquillité de toute la France.

Par Pierre Serna

Commentaire GB :

Il y a quelques mois le CHU de la Guadeloupe a été détruit par un incendie. Il n’est pas réparé et tourne au ralenti.

Curieux, nos milliardaires n’ont pas sorti leurs chéquiers ! Leurs choix sont significatifs, ce n’est surtout pas « l’Humain d’abord ».

Le Monde en face, par D.B.

Lors de deux documentaires  proposés par « le monde en face » de  Marina Carrère d’Encausse sur la pauvreté  aux États-Unis  et sur trois femmes du Nord, on entend un SDF dire dans le premier : « Je n’ai  rien contre les riches c’est eux qui nous donnent du travail ».
Dans le deuxième une femme du Nord : « Si il n y avait pas de riches il n y aurait pas d’ouvriers. »
J’aurais choisi une femme disant : « Si il n y avait pas d ouvriers il n y aurait pas de riches ».
Cette deuxième assertion étant la seule vraie.
Ouvriers, techniciens, ingénieurs peuvent faire tourner une usine si l’investissement vient de la BPI banque publique d’investissement, les riches sans ouvriers ne sont rien.
Un documentaire n est jamais neutre.

Commentaire GB :

Les ultra-riches nous coûtent « un pognon de dingue », dividendes indécents, évasion fiscale, fraude fiscale.

Arnaud, Pinault, Lagardère, Bolloré, etc. sont en fait des parasites de la société. Et en plus ils participent activement à la destruction de la planète.

Le « chant des sardinières », interprété par les employées de conserveries à Douarnenez et en pays bigouden il y a un siècle, a pour refrain :

Saluez, riches heureux,

Ces pauvres en haillons

Saluez, ce sont eux

Qui gagnent vos millions

 

Coup de gueule, par C.F.

L’actualité des « (effets d’) « annonces » de Macron se percutent pour moi avec la lecture du livre de Philippe Lançon ‘le lambeau »

L’auteur est ce journaliste qui a survécu, grièvement blessé, à l’attentat contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015

Dans son livre, poignant d’abord, mais surtout sobre et remarquablement écrit, il relate son chemin de « reconstruction » physique….et bien sûr psychique.

À la lecture de ce livre je me retrouve le 11 janvier où comme partie tant d’autres, je suis avec les Charlie plus que d’être Charlie.

Je n’étais pas une lectrice assidue de Charlie hebdo et je ne le suis pas devenue, par contre, j’étais une admiratrice inconditionnelle de ce ton, cet humour, de cette recherche de la liberté et de la défense d’un esprit libre. 

Alors, forcément, à la lecture de ce livre je me souviens aussi que lors des cérémonies du 7 janvier 2019, hier, Macron était absent seulement 4 ans après ce massacre, d’hommes, mais aussi de cet esprit de liberté. 

Et c’est une colère dévastatrice qui monte en moins, et de la culpabilité aussi : je ne rejoins plus les hordes de manifestants, ni les gilets jaunes que j’ai regardés d’un sale oeil au début.

Aujourd’hui, je leur tire mon chapeau, et je les soutiens même de loin, même par la pensée. 

De façon totalement décomplexée, macron imposeun esclavagisme financier au profit des déjà très riches de la même façon, que de façon totalement décomplexée, il a estimé que ce n’était plus utile de rendre hommage aux victimes des attentats. 

Oui la lecture de ce livre me ramène tout ça à la figure, comme Philippe Lançon a du reconstruire la sienne parce que lui, comme de nombreux autres, se bat pour défendre un monde libre et plus juste. 

Mais merde, quand est ce que ça va s’arrêter?

Quand est ce que tous ces fanfarons friqués vont enfin passer à la caisse?

Quand est ce qu’on va répartir les richesses? 

A la lecture de cette phrase 

 » Si les tueurs étaient les possédés, mes compagnons morts étaient les dépossédés. Dépossédés de leur art et de leur violente insouciance, dépossédés de toute vie. » 

J’ai pensé que ces gilets jaunes et tous ceux qui se débattent avec un quotidien hostile étaient eux aussi dépossédés, privés d’insouciance et d’un sentiment de vie simple, léger, dont chacun peut disposer à sa guise, ou à peu près. 

Toute proportion gardée, à ce parcours de survie que décrit férocement et sans extravagance Philippe lançon, s’est juxtaposé   le parcours de survie d’une partie grandissante de la société dans laquelle je vis.

Et je ne sais toujours pas comment l’aider….

Face aux violences, par Marie-Odile Perret         (courrier des lecteurs de l’Humanité)

J’étais présente samedi 20 avril à la manifestation à Paris. Je me trouvais avec quelques camarades de la CGT (je suis moi-même a la CGT), au moment où des tensions ont commencé entre Bastille et République. Cela se passait boulevard Richard-Lenoir. L’espace était étroit entre une rangée de CRS qui nous interdisait l’accès àl’autre partie de boulevard et les immeubles. Ils nous ont chargés brutalement sans le moindre préavis alors que nous étions pacifistes. Un CRS a foncé sur moi bouclier en avant et m’a projetée violemment au sol. Puis il m’a enjambée et a poursuivi son chemin, je n’ai pas vu s’il avait attaqué d’autres manifestants, car j’étais un peu choquée. J’ai eu le coude fracturé et j’ai perdu mes lunettes, qui valaient assez cher (sans lesquelles je suis assez handicapée).
J’ai été Témoin d’un tir de Flash-Ball sur un street-medic qui se trouvait à 2 ou 3 mètres de moi. Il est tombé instantanément sur le dos, d’un bloc, sans connaissance. Aussitôt, ses camarades lui sont venus en aide. Je suis partie car c’était trop dangereux de rester dans cette zone. J’ai eu le soutien de mes camarades de la CGT et des street-medics que je remercie chaleureusement pour leur courage. Je ne me suis pas aperçu tout de suite de la gravité du choc, car l’enflure de mon coude a été assez progressive. Je ne suis allée aux urgences à Créteil qu’a près être rentrée chez moi vers 18 heures.
L’agression a eu lieu aux alentours de 15 heures ou 15h30. J’ai quitté les urgences (où j’ai pu constater les carences en médecins) vers minuit quinze, munie d’une incapacité de travail d’un mois. J’ai 61 ans. Merci de rendre compte des violences trop nombreuses dont les gilets jaunes sont victimes dans l’Humanité, que j’achète régulièrement et que je lis toujours avec passion (et parfois colère !).

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