Aveu : Warren Buffet, milliardaire américain : « Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner ».
Sur le plan national
Macron, c’est la violence de classe totalement assumée
Entretien avec les sociologues Monique et Michel Pinçon-Charlot
https://www.humanite.fr/article-sans-titre-667010 ou télécharger en pdf
Tous les aspects de cette guerre ouverte sont évidents actuellement : social, répressif, médiatique, justice de classe…
Il ne vous a sans doute pas échappé qu’actuellement nous sommes en présence d’une véritable guerre médiatique. Le traitement des luttes sociales et de celles des gilets jaunes frôle l’hystérie, avec appel à des « zexperts zofficiels », mensonges, retransmission tous les jours du pèlerinage de Macron en terre profonde, propagande multiforme, à tel point que pour savoir ce qui se passe on doit se tourner vers Internet, vers l’Humanité, Mediapart, ou les médias étrangers.
Quant au mouvement des foulards rouges, téléguidé par le pouvoir, leur manifestation a été révélatrice d’une véritable haine de classe, pour ceux qui avaient encore des doutes…
Sur le plan européen
N’oublions pas que la construction européenne a été faite dans le but d’empêcher toute autre alternative que le capitalisme dans un pays européen.
Et quand, en 2005, les Français ont voté au référendum sur le Traité Constitutionnel Européen le pouvoir en place s’est empressé de considérer leur avis comme nul et non avenu.
Les États sont progressivement amputés de leurs pouvoirs de façon à ce qu’aucun n’échappe à l’ultralibéralisme : des traités de libre échange passent par dessus les intérêts des populations pour servir les multinationales (CETA, JEFTA, etc), les budgets des États sont encadrés pour réduire les dépenses publiques donc les services publics, les lois nationales sont préparées par des directives contraignantes et non innocentes, et tout cela décidé par des organismes non démocratiques (Commission européenne, Banque Centrale européenne).
C’est bien une classe qui impose ses normes ! Il faut bien voir cependant que tout cela a lieu avec la complicité des gouvernements des États membres et de leurs élus –> Un État qui dirait NON pourrait le faire, et les élus godillots de la majorité, au lieu de docilement « transposer » en lois les directives européennes auraient la possibilité de choisir l’intérêt de la population (on peut toujours rêver…)
Aveux :
Denis Kessler, ex n°2 du MEDEF : “L’Europe est une machine à réformer la France malgré elle.” , dans La Tribune 04/12/00.
Alain Madelin, ex ministre libéral : “L’Europe est une assurance-vie contre le socialisme.”, dans Le Monde 23/06/92.
D’après Le Monde, « dans le vaste quartier européen de Bruxelles, la puissance des lobbies saute aux yeux. Les grands noms du monde des affaires occupent chaque immeuble de bureau dans un rayon de 1 kilomètre autour des sièges de la Commission, du Conseil et du Parlement européens. Les entreprises, banques, cabinets juridiques, consultants en relations publiques et associations professionnelles y prolifèrent, s’employant à peser sur les règles, lois et directives qui façonnent le marché unique, encadrent les accords commerciaux et régulent le comportement économique et commercial dans une Union de 507 millions de citoyens. A Bruxelles, le lobbying est une industrie qui pèse plusieurs milliards d’euros. Selon le Corporate Europe Observatory, organisation militant pour une plus grande transparence, la ville compterait jusqu’à 30 000 lobbyistes, presque autant que d’employés à la Commission. La capitale européenne est la ville qui, après Washington, connaît la plus forte concentration de personnes cherchant à influer sur la législation. »
Union européenne. Comment les États membres s’offrent à leurs multinationales
Dans un rapport souvent implacable, un groupe de chercheurs altermondialistes, le Corporate Europe Observatory, inventorie, au-delà du pantouflage et du lobbying plus classique, les interventions discrètes des gouvernements au détriment de l’intérêt général.
Rédigé par le Corporate Europe Observatory (CEO, « observatoire de l’Europe des entreprises »), un groupement de chercheurs activistes basé à Bruxelles, un rapport rendu public ces derniers jours éclaire un pan assez méconnu de la construction des politiques de l’Union européenne. À côté des pantouflages bien connus – des ex-commissaires qui se mettent au service des multinationales, avec, en exemple le plus emblématique, l’ancien président de l’institution José Manuel Barroso, passé avec armes et bagages chez Goldman Sachs –, en plus du lobbying à grande échelle auprès des parlementaires européens, les grandes entreprises peuvent également compter sur les États membres et sur le Conseil européen pour dicter leurs exigences et faire respecter leur loi, celle qui place leurs profits au-dessus du bien commun et de l’intérêt général.
Dans son document d’une centaine de pages, le CEO aligne les affaires et les casseroles plus accablantes les unes que les autres. Certaines sont mieux connues que d’autres : l’Allemagne empêchant toute interdiction du glyphosate ou protégeant son secteur automobile sur fond de dieselgate, la Pologne contrecarrant les engagements sur le climat à l’horizon 2030 pour défendre ses entreprises qui exploitent le charbon. « On constate un risque très élevé de “capture” par les intérêts privés de certains États membres sur certains dossiers, au détriment de la démocratie et de l’intérêt public. Et cela tend à empirer », dénoncent les auteurs du rapport.
Pour le CEO, afin de se défaire de cette emprise, il faut étendre le « registre sur la transparence du lobbying », aujourd’hui limité aux activités de la Commission et du Parlement européen, aux réunions des Conseils européens, ministres ou chefs d’État. L’organisation réclame également que des comptes rendus complets des réunions des groupes de travail préalables au sommet européen, avec notamment les prises de position défendues au nom de chaque État membre, soient publiés et accessibles pour le grand public. D’une manière plus globale, le CEO plaide pour de « nouveaux modèles permettant aux citoyens d’en savoir plus et de faire valoir leur opinion sur les affaires de l’UE et sur le rôle décisionnel des États membres dans ce domaine ».
Sur le plan international
La répartition des richesses dans le monde est un scandale majeur.
et ce ne sont pas quelques réformettes sociales-démocrates qui régleront le problème, c’est dû au système lui-même.
Il y a bien la classe des exploiteurs et la classe des exploités (bien plus nombreuse).
- 1% de la population détient la moitié des richesses mondiales
- 10% de la population détient 86% de la richesse mondiale
- 50% de la population ne détient que 0,5% de la richesse !
- la richesse des 26 principaux milliardaires a encore augmenté l’an passé de 12% (2,5 milliards $)
- ils détiennent autant d’argent que la moitié la plus pauvre de l’humanité (rapport Oxfam)
- le nombre de milliardaires a doublé depuis la crise financière.
- En France près de 15% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté
Impérialisme
Pour maintenir ce système dans lequel une minorité détient tous les biens et tout le pouvoir il faut une organisation impérialiste bien huilée au niveau mondial. C’est le rôle joué essentiellement par l’impérialisme américain et tous ses satellites (dont la France et l’UE font partie). Le système doit être maintenu par tous les moyens.
Mépris des classes populaires
La grande masse de la population de la planète est considérée comme un moyen pour produire, pour créer de la richesse que la minorité va s’accaparer grâce à son système mondial de la finance très performant. Les conditions de vie de cette « masse » sont sans aucune importance, l’essentiel étant d’étouffer des risques éventuels de contestation.
Propagande de « l’Occident »
Pour convaincre qu’il n’y a pas d’autre choix il a été mis au point depuis des décennies (déjà il y a un siècle) ce que l’on appelle « la guerre froide ». Il faut un ennemi ! Cet ennemi a un peu varié au cours des années, mais l’important c’est que les « bons » soient chez nous, d’où le mythe bien entretenu de « l’Occident », des « démocraties occidentales », d’ailleurs prêtent à bafouer toute démocratie quant elles le jugent nécessaire.. (voir en Amérique Latine, au Moyen Orient, en Afrique). Le nombre de dictatures ou de gouvernements peu recommandables soutenus par « l’Occident » est impressionnant. Tous les coups sont permis (la mise en place de Pinochet au Chili en est un exemple entre autres).
La propagande est relayée dans tous les médias des « démocraties zoccidentales ». Un dernier exemple est le traitement de la crise au Venezuela : Imagine t’on le président vénézuélien déclarant « Macron est illégitime pour gouverner la France, nous reconnaissons (un membre de l’opposition, par exemple le secrétaire du parti communiste), comme le seul légitime… ». Or Macron (18% des inscrits) a été effectivement moins bien élu que Maduro… donc pourquoi pas ? Au Venezuela il y a beaucoup de pétrole, cette phrase suffit pour expliquer beaucoup de choses…
Guerres pour l’accaparement des ressources de la planète
Une caractéristique des pays du « monde occidental » actuellement est qu’il n’hésite pas à créer des conflits armés hors de son sol pour maintenir sa domination géopolitique et économique. Les peuples d’Irak, de Syrie, de Libye, entre autres l’ont payé par des milliers de victimes et des destructions massives.
Mise en danger de la planète
Le capitalisme est incompatible avec la transition écologique. Il détruit à la fois nos vies et la planète.
Jean Ziegler est le rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies de 2000 à 2008, voici ce que dit ce grand sociologue :
Quelques réflexions
La social-démocratie avait pour but initial de rendre le capitalisme « supportable », « humain », comme si c’était possible ! Ensuite elle s’est transformée en un gérant loyal du capitalisme en noyant le poisson avec des discours et des promesses de gauche, suivis d’actes réactionnaires (cela dure depuis des décennies mais le quinquennat Hollande en a été une caricature). Elle a contribué à discréditer la notion de « gauche » en se l’attribuant.
Les populistes de droite prétendent défendre le peuple avec des propos simplistes et démagogiques, mais leur seul but est de prendre le pouvoir, non pas pour abolir le capitalisme, mais pour l’appliquer de façon encore plus brutale et sans contestation possible. Les capitalistes ne s’y trompaient pas dans les années 30 en affirmant « plutôt Hitler que le Front populaire ». Il est intéressant de lire « L’ordre du jour » de l’écrivain Eric Vuillard, qui montre bien comment les grands trusts Krupp, Opel, Siemens… ont financé la montée d’Hitler pour sauvegarder leurs intérêts.
Quant à certains populistes de gauche, ils préfèrent parler de « peuple » et « d’oligarchie » plutôt que d’utiliser les termes de classe, d’abord pour ne pas effrayer leur clientèle, et surtout parce que leur but est de rallier « le peuple » derrière leurs leaders sans remettre en cause fondamentalement le système capitaliste. D’ailleurs beaucoup de leurs cadres viennent de la social-démocratie. C’est une fausse piste. Comme le disent les paroles de l’Internationale : » ni Dieu, ni César, ni Tribun.. »
La révolte actuelle des gilets jaunes est un événement très important. Outre qu’elle initie massivement à la politique, elle peut s’ouvrir vers une lutte plus profonde si une convergence réussit à se faire, d’où la grande peur du pouvoir qui s’empêtre entre répression, fuite en avant, et propagande.
Beaucoup de manifestants constatent et déplorent les inégalités, l’injustice, l’oppression, le mépris, mais parfois sans analyser les causes, la structure du système économique qui produit tout cela. La lecture de Marx est plus que jamais d’actualité.
La réflexion de l’écrivain François Begaudeau à ce sujet est intéressante :
Didier Eribon, sur France Culture :