Gilets jaunes : RIC ou Justice Sociale ? Attention au piège..

  1. Le RIC : Référendum d’Initiative Citoyenne
  2. Les réponses de Macron aux gilets jaunes : 4 mesurettes, grand débat, répression.

Le RIC

C’est une revendication qui a fleuri en fin d’année sur les rond-points des gilets jaunes. Face à l’absence flagrante de démocratie, la population demande à pouvoir s’exprimer et donner son avis. C’est très légitime. Le système actuel fait qu’une personne peut être élue à la présidentielle à la suite de circonstances et non sur un programme, et qu’ensuite qu’elle fasse absolument ce qu’elle veut pendant cinq ans, avec aucun moyen légal de l’arrêter !
L’idée de pouvoir, sur la demande d’un nombre suffisant de citoyens, obtenir un référendum sur une question proposant un changement est donc sympathique et pourrait améliorer la démocratie.
Un tel système existe dans quelques pays dont la Suisse et l’Italie où il a été utilisé assez souvent. En Suisse il y a eu avec le référendum par canton des avancées, mais aussi quelques reculs. On peut remarquer que ce n’est pas pour cela que l’Italie est devenue une démocratie enviable. Il n’y a pas eu de miracle avec le référendum d’initiative populaire ni de changement notable.
Il ne faut pas rêver à ce sujet. Ce n’est pas un remède miracle que de faire répondre à des questions acceptées par le pouvoir et souvent biaisées. N’oublions pas que
– c’est le pouvoir qui décidera des conditions de ce RIC (nombre minimum de demandes, domaines d’application tolérés, etc..)
– c’est le pouvoir qui décidera de la question finale
– c’est le pouvoir qui organisera la campagne avec ses médias
– c’est le pouvoir qui décidera d’appliquer ou pas ce qui aura été décidé
Il faut confronter des les idées, prendre le temps d’expliquer, d’éduquer, comme en 2005 pour le référendum sur le TCE – le traité constitutionnel européen – là il y avait eu un vrai débat citoyen, le NON l’avait emporté contre l’avis du pouvoir et de ses médias déchainées. MAIS, car il y eu un « mais », le pouvoir a fait comme si nous avions voté oui et a continué imperturbablement ce qu’il avait décidé. Le vote des français a été honteusement ignoré et bafoué.
Un autre exemple, au niveau de l’UE, l’Union européenne il existe la possibilité de rassembler un nombre suffisant de signatures sur une question donnée. Une pétition européenne, dans le cadre d’une ICE (Initiative Citoyenne Européenne nécessitant 1 million de signatures issues d’au moins 7 pays de l’UE) a été lancée pour demander l’abandon du TAFTA, traité transatlantique. Nous avons recueilli 3 300 000 signatures en octobre 2015           

3-2-millions-signatures-chaine-humaine-tafta-ttipLe 7 octobre 2015 cette pétition a été remise à la Commission européenne qui a refusé de la prendre en compte, en arguant du fait que cela ne faisait pas partie du « champ d’application » de cet ICE..
Donc méfiance également de ce coté.
D’ailleurs il est significatif que tout d’un coup les médias, et les populistes, présentent cette revendication du RIC comme la n°1, la priorité.
Le premier ministre a aussi sauté sur l’occasion : « C’est un bon sujet du débat que nous allons organiser » a t-il déclaré. Dans un entretien paru sur le journal « Les Echos » il a déclaré « Je ne vois pas comment on peut être contre son principe. Le référendum peut être un bon instrument dans une démocratie, mais pas sur n’importe quel sujet ni dans n’importe quelles conditions. C’est un bon sujet du débat que nous allons organiser partout en France. Comme l’est le vote blanc« , a indiqué le chef du gouvernement dans cet entretien mis en ligne dimanche soir. 

Pour le pouvoir ce serait un moindre mal car les revendications sociales passeraient à la trappe s’il cédait sur ce terrain. Acceptons le RIC avec un nombre de signatures suffisamment grand pour qu’il soit difficile d’en organiser un, limitons les domaines d’application. Voilà en substance la supercherie que Macron s’apprête à proposer.

Lire à ce sujet le papier de François Ruffin « Ne lâchez pas la proie pour l’ombre, méfiez-vous ! »

Le RIC n’est pas la seule solution face à l’absence de démocratie. Pourquoi, au lieu du RIC seulement, ne pas demander une Assemblée Constituante pour en finir avec cette 5e république qui a l’âge de la retraite, 60 ans, qui est complétement dépassée et qui est un obstacle à tout progrès.

Des travailleurs et des retraités n’ont pas les moyens de se chauffer, de se nourrir correctement. Plus d’un tiers des chômeurs ne touchent rien. Cinq millions de Français vivent avec moins de 855€ par mois. Et l’argent coule à flot juste en face.

Demander plus de justice sociale, une meilleure répartition des richesses, un développement des services publics, voilà ce qui risquerait de passer à la trappe.

Les gilets jaunes sont à l’image de la population, très divers et non homogènes. Il y a bien sûr des réacs, des poujadistes, des petits fachos et quelques casseurs, mais il y a surtout beaucoup de braves gens qui en ont assez d’avoir du mal à finir les fins de mois alors que les actionnaires se gavent, qui en ont marre d’être méprisés et insultés par ce gouvernement. Si jamais le pouvoir, grâce au RIC, faisait céder les gilets jaunes, cela donnerait quoi à tous ces gens pour boucler leur budget ?

Une double page au sujet du RIC Jeudi, 17 Janvier, 2019, dans la page Débats du journal l’Humanité

Référendum d’initiative citoyenne, démocratie : quelle République ?

https://www.humanite.fr/le-peuple-souverain-referendum-dinitiative-citoyenne-democratie-quelle-republique-666494

Avec François Auguste, ancien vice-président PCF de la région Rhône-Alpes, délégué à la démocratie participative, Michèle Riot-Sarcey, historienne et Olivier Caremelle, adjoint au maire PS de Lomme (Nord).

RIC_debat_lire en PDF  Huma17janv19

Les réponses de Macron le 10 décembre

Les annonces de Macron lundi 10 décembre : arnaque et mensonge, il reste droit dans ses bottes malgré l’enfumage relayé par ses médias. Mensonge sur le SMIC, retraites toujours bloquées, et le cynisme d’une promotion des heures supplémentaires alors que tant de gens n’ont pas de travail, avec une défiscalisation au détriment des services publics (santé, école, etc).
Bien sûr rien sur le rétablissement de ISF, la suppression du CICE, la lutte contre l’exil fiscal.

L’article de l’Humanité au lendemain de l’intervention de Macron « Les 4 rustines qui ne feront pas décoller le pouvoir d’achat »

https://www.humanite.fr/decryptage-les-quatre-rustines-de-macron-ne-feront-pas-decoller-le-pouvoir-dachat-665048

ce même article en fichier pdf à télécharger

Et, pour ceux qui ne seraient pas convaincus, une petite vidéo

 

 

Le grand débat

Alors comme cela le gouvernement propose de nous écouter.. avec un grand débat national. Calmez vous, arrêtez, on va parler, et pendant trois mois !
Un grand débat doit s’ouvrir, oui, mais c’est davantage d’horizontalité et de nouveaux cadres démocratiques que réclament les citoyens. Ca ne se réglera pas dans un débat parlementaire avec des élus playmobils. Ni en deux mois ! A chaque fois qu’il y a un problème on crée une commission, ou on promet un débat, mais ce pouvoir continue droit dans ses bottes.
Au lieu d’un débat, il faut satisfaire les revendications !

Macron et ses sponsors

D’ailleurs pour le gouvernement c’est très clair, le ministre Bruno Lemaire vient de le dire franchement : « Il ne s’agit pas que le débat conduise à détricoter tout ce qui a été voulu par les Français au moment de l’élection présidentielle, et tout ce qui a été voté depuis. » C’est à dire, parler ou écrivez tant que vous voudrez, nous ne changerons pas notre ligne, pas touche à l’ISF, ni aux injustices fiscales, ni à qui que ce soit d’important. A noter également qu’il prétend que leur politique a été voulue par les Français, rappelons que seuls 18% des citoyens ont voté Macron…

Nos revendications, le gouvernement les connait. Les partis de gauche ont fait des propositions, les syndicats ont été reçus et ont donné leurs exigences. Alors pourquoi faire semblant de ne pas savoir ce que nous voulons ?
En fait ce que veut Macron c’est une pause, pour avoir la paix et faire céder les manifestants.
Il n’a absolument pas l’intention de bouger de sa ligne. D’ailleurs il ne peut pas, il a été programmé pour cela et ne peut pas déplaire à ses sponsors.

En voilà une qui connait bien la condition de la population française. Une provocation de plus !

La répression

La répression violente sert à dissuader la masse des mécontents de se rejoindre dans les rues et à essayer de faire peur, de discréditer le mouvement jusque là massivement soutenu.

On recense une quarantaine de blessés graves dû au zèle des « forces de l’ordre » qui utilisent des armes interdites dans beaucoup de pays civilisés. Main arrachée, fracture de la mâchoire, perte d’un œil ou encore perte d’audition figurent au triste bilan d’une répression aveugle et sauvage, sans distinction d’âge (victimes de 15 ans), sans compter les arrestations arbitraires.

Amnesty International dénonce « l’usage excessif de la force » par la police française.

Le défenseur des droits dénonce l’usage d’armes dangereuses par la police : « un usage dangereux et problématique »

Fabien Jobard, sociologue : « Face aux gilets jaunes, l’emploi d’armes est disproportionné »

Est-ce que ceux qui ont pris la Bastille en 1789 avaient l’autorisation de manifester ?
Si c’est non, ils agissaient dans l’illégalité, et il faut donc déclarer la République illégale !

 

A noter un bon dossier sur les Gilets Jaunes dans Le Monde Diplomatique de Janvier 2019

 

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