Socialisme, communisme… réflexions

Mais de quel socialisme parle-t-on ?

Au premier coup d’œil, l’étude « Portrait-robot des sympathisants du Parti socialiste », dévoilée par la Fondation Jean-Jaurès cette semaine, nous apprend qu’un socle d’électorat potentiel pour le PS existe toujours bel et bien. Mais surtout que – au vu des opinions détaillées qui définissent leur profil – ils n’ont plus de socialistes que le nom. Surtout sur le plan économique : 71 % se disent en faveur du libre-échange, se rapprochant ainsi plus des sympathisants de la République en marche (81 %) que de l’ensemble des Français (50 %). « Pour faire face aux difficultés économiques, l’État doit faire confiance aux entreprises et leur donner plus de liberté», estiment 50 % d’entre eux. On est loin du socialisme de Jean Jaurès, qui dénonçait la « tyrannie du capital » et, en pleine grève des mineurs de Carmaux en 1892, un pouvoir aux petits soins avec la finance.

C’est que le mot « socialiste » a perdu progressivement de son identité. Un dévoiement qui s’est creusé, à coups de tournant de la rigueur de Mitterrand en 1983 et de renoncement lexical lourd de sens de la part d’un Lionel Jospin, candidat à la présidentielle, qui défend un «projet moderne, pas socialiste». Le couperet ? Le quinquennat de François Hollande. A rebours de sa campagne (« mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance»), la politique de l’offre prend toute sa place à l’Élysée, le « coût du travail » est l’ennemi numéro un au sein d’un gouvernement social-démocrate qui se convertit au social-libéralisme. Le Medef applaudit le Cice tandis que les élus de droite accueillent à bras ouverts, en 2013, la transposition législative de l’accord sur le marché du travail (ANI).

Un chiffre traduit le désarroi de ces socialistes sans repères : 42 % des sympathisants PS ont voté Macron en avril 2017 et, parmi ceux qui se déclaraient proches du PS il y a deux ans, 25 % se retrouvent aujourd’hui chez LaREM.

Audrey Loussouarn (L’Humanité du 26 octobre 2018)


Ce qui a échoué au XXème siècle ce n’est pas le communisme, comme on le croit souvent, mais bel et bien le socialisme sous ses deux visages :
a/ le socialisme de la social-démocratie (qui n’a nulle part mis à mal le capitalisme et a fini par tout lui céder) ;
b/ le socialisme de la voie autoritaire du parti unique et de la dictature du prolétariat (celle des partis communistes qui n’a jamais conduit au communisme et a fini par s’effondrer).
Autrement dit : communisme et socialisme ne se confondent pas. Nous avons à inventer et faire vivre « avec Marx » (et non pas au nom du « marxisme », même « vivant ») les formes d’action qui s’inscrivent dans une orientation communiste, ce qui est inédit et sans précédent dans l’histoire.
Laissons à d’autres le rafistolage contemporain du socialisme.

Bernard Vasseur, philosophe, auteur de « La démocratie anesthésiée »

Liens :

Fondation Jean Jaurès, l’étude

Lectures          

Lire aussi à ce sujet « Eloge de la politique » d’ Alain Badiou qui y parle de démocratie, socialisme, communisme…

 

 

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