La campagne lancée par le Défenseur des droits contre le harcèlement au travail révèle combien l’entreprise est un lieu de domination. Une femme sur cinq a été l’objet de ces agressions et les plus menacées sont les salariées précaires, les plus isolées, celles qui vivent des situations affectives et financières difficiles. Voilà pourquoi 30 % des victimes n’en parlent à personne. Le mouvement Me too a soulevé le voile qui recouvrait un continent de violences et de douleurs. L’impunité des harceleurs devient plus difficile ; le regard fuyant des collègues aussi. La timidité des organisations syndicales s’évanouit peu à peu et l’indifférence des employeurs est de plus en plus considérée comme un délit. L’effritement d’une domination solidement établie ne la fait pas disparaître. La parité dans les postes de responsabilité est toujours en berne et que dire de l’égalité salariale ?
Pire encore, en démantelant les comités d’hygiène et de sécurité, en réduisant et en affaiblissant les instances représentatives, les ordonnances sur la loi travail et la réforme de la fonction publique ôtent un recours auquel se raccrocher. En engageant une extension du domaine de la précarité, le gouvernement frappe d’abord les femmes elles sont 78 % des emplois à temps partiel et les deux tiers des travailleurs pauvres et les fragilise face aux abus ou aux prédateurs. L’indifférence des ministres devant la situation de paralysie faute de financements suffisants du standard de l’AVFT, l’association qui traite des violences au travail, atteste un double langage.
La question sociale et celle de l’émancipation des femmes ont partie liée. Le mouvement qui conduit à contester les dominations sexistes a connu une formidable accélération ces derniers mois et pourrait aussi, dans sa foulée, ébranler d’autres aliénations. D’où l’inquiétude d’un quarteron réactionnaire qui veut confondre séduction et agression, féminisme et puritanisme