Être ou avoir…
« Le progrès social, c’est celui qu’on se paie soi-même. » Emmanuel Macron, en répondant avec arrogance à une dame qui l’interpellait, a résumé sa philosophie. Adieu l’ambition de civilisation, l’avenir en commun ! Aux yeux du président, la politique n’est plus. Reste la débrouille individuelle, la passion du lucre, avoir tout pour ne pas être rien… L’avenir des jeunes ? Il faut qu’ils « aient envie de devenir milliardaires ! » lançait-il quand il était ministre de l’Économie, et la suite a montré que, en effet, mieux valait être richissime pour bénéficier de ses attentions. Les phrases ronflantes devant le congrès et les postures étudiées se résument à un cliquetis de monnaie, « la gloire en gros sous », écrivait Victor Hugo.
Rien ne serait pire que de détourner le regard de la scène publique, de baisser les bras devant des politiques conduites envers et contre la majorité, de se réfugier dans l’espace minuscule « qu’on se paie soi-même ». Emmanuel Macron en rêve, avec peut-être une réminiscence de Machiavel : « Gouverner, c’est mettre vos sujets hors d’état de vous nuire et même d’y penser. » À l’avant-veille du 16 novembre et des mobilisations syndicales contre les ordonnances qui menacent le Code du travail, les conseillers élyséens espèrent en une contagion du sentiment de lassitude, voire du fatalisme. dans l’éditorial de Patrick Apel-Muller (l’Humanité du 13/11/17)