La CGT considère que la journée du 12 septembre est un succès :
Avec cette journée d’action, les salariés ont réaffirmé leur exigence pour un droit du travail porteur de justice sociale et de progrès. Ils ont refusé des ordonnances ringardes inspirées par les exigences du Medef depuis des décennies ; exigences qui n’ont jamais éradiqué le chômage et la précarité.
Les 200 manifestations, avec près de 500 000 personnes, sont aussi le reflet de nombreux arrêts de travail dans les entreprises privées comme dans les établissements publics et, bien souvent, ces arrêts de travail ont été lancés à l’appel de plusieurs organisations syndicales.
Les salariés du secteur public étaient, eux aussi, très nombreux dans l’action à partir de leurs propres revendications qui convergent avec celles des salariés du secteur privé.
La jeunesse a également participé en masse à cette première mobilisation. Elle refuse la précarité à vie, les conditions d’étude actuelles et exprime son besoin d’autonomie et d’épanouissement au travail.
Les retraités refusent, entre autres, qu’on leur ponctionne leur maigre pouvoir d’achat à travers l’augmentation de la CSG.
Partout, c’est bien l’urgence de plus de justice sociale qui s’est exprimée et le refus de l’exploitation grâce au renforcement des droits et des garanties collectives. Cela passe aussi par l’amélioration significative des conditions de travail et de véritables augmentations de salaires.
La CGT va poursuivre son travail d’information et de mobilisation de tous les salariés, privés d’emploi et retraités sur les ordonnances « Macron ». Elle portera sa proposition d’un code du travail du 21ème siècle et d’un nouveau statut du travail salarié avec sa sécurité sociale professionnelle.
Elle va tout faire pour unir et élargir le rassemblement du monde du travail avec toutes les organisations syndicales et de jeunesse.
Notre ambition reste de construire des mobilisations encore plus fortes pour s’opposer à toutes les régressions sociales du gouvernement « Macron ».
Dès à présent, la CGT appelle à la mobilisation le 21 septembre prochain, veille du Conseil des ministres sur les ordonnances.
Montreuil, le 12 septembre 2017
Décryptage des ordonnances : le code du travail en lambeaux, dans l’Humanité du 1er septembre
https://france.attac.org/se-mobiliser/loi-travail-xxl-c-est-toujours-non/article/decouvrez-le-petit-guide-de-resistance-a-la-loi-travail-xxlpetite vidéo : https://france.attac.org/actus-et-medias/les-videos/article/lesexpertsattac-no2-ca-va-mal-on-coupe-tout
Alain Deneault, philosophe : « Notre organisation du travail nous conduit à la médiocrité ». C’était sur France 2 dans Ce soir ou jamais.
Ne partons pas battus, une ordonnance peut être enterrée, tout dépend du mouvement social…
Du renoncement de Juppé à réformer les retraites publiques par ordonnances, en 1995, à l’abandon par Villepin du CPE adopté via le 49-3 en 2006, plusieurs lois rétrogrades passées en force ont été repoussées grâce aux mouvements sociaux.
François Fillon en rêvait. En novembre 2016, le futur candidat « les Républicains » à l’élection présidentielle promettait un « blitzkrieg devant le Parlement, en utilisant tous les moyens que donne la Constitution de la Ve République : les ordonnances, les votes bloqués, le 49-3 ». Son objectif était de faire passer, « en l’espace de deux mois », les réformes « fondamentales qui vont changer le climat de l’économie et le climat du travail dans notre pays ». Si Fillon a perdu, Emmanuel Macron a immédiatement relevé le flambeau, avec son projet de réforme du Code du travail par ordonnances lancé dans l’urgence, au coeur de l’été. Un tempo choisi afin d’éviter toute contestation. Sauf que, si le gouvernement souhaite prendre de vitesse l’opinion et se démène pour installer un sentiment de fatalité, c’est parce qu’il sait bien qu’un mouvement social d’ampleur peut faire capoter sa réforme.
Malgré un calendrier resserré, il reste plusieurs étapes avant que la loi ne soit appliquée. Il est prévu que les ordonnances soient présentées en Conseil des ministres le 22 septembre. Elles devront ensuite être signées par le président de la République (François Mitterrand, en 1986, avait refusé de signer celles rédigées par son premier ministre Jacques Chirac, certes dans un contexte de cohabitation). Dès signature du chef de l’État, les ordonnances peuvent être promulguées et entrent en vigueur immédiatement. Ce n’est qu’ensuite qu’un projet de ratification est soumis au Parlement. En cas d’adoption, le texte de l’ordonnance prend alors force de loi. Le débat parlementaire devrait démarrer à partir du 25 septembre.
Le CPE, promulgué sans être appliqué
Il reste donc un espace pour faire reculer l’exécutif. Début 1996, Alain Juppé avait fait passer par ordonnances son projet de réforme de la Sécurité sociale, mais avait renoncé au volet concernant les retraites du secteur public face aux manifestations massives et aux grèves d’ampleur de novembre et décembre 1995. En plein mois d’août 2005, un autre premier ministre de Jacques Chirac, Dominique de Villepin, avait utilisé les ordonnances pour le contrat nouvelles embauches (CNE), qui sera finalement retoqué et abrogé deux ans plus tard à la suite de l’intervention de l’Organisation internationale du travail. L’instance promouvant la protection et le développement des droits des travailleurs s’était insurgée contre l’autorisation de licenciement sans motif, et pourrait revenir à la charge sur nombre des mesures contenues dans les ordonnances du gouvernement d’Édouard Philippe. Enfin, en février 2006, après le vote de l’article 8 consacré au contrat première embauche (CPE), Dominique de Villepin hâte l’adoption complète de son projet de loi pour « l’égalité des chances » en recourant au 49-3. Malgré ce passage en force, les mobilisations-fleuves, partout dans le pays, des syndicats, de la jeunesse et des partis de gauche pousseront le gouvernement à renoncer au CPE. Le 31 mars, le président Jacques Chirac annonce dans une allocation télévisée que la loi sera promulguée, mais que le CPE sera très rapidement retoqué. Il demande qu’en attendant, des dispositions soient prises pour qu’aucun contrat de ce type ne soit signé. De fait, le CPE sera ensuite retiré. Preuve qu’une loi scélérate peut passer, avant d’être abrogée sans avoir été appliquée, à condition que les mouvements sociaux remportent le bras de fer. C’est tout l’enjeu des mobilisations à venir.
AURÉLIEN SOUCHEYRE, dans l’Humanité du 1er septembre
EN JUIN 2015, UN TIERS DES LOIS VOTÉES DEPUIS 2012 N’AVAIENT TOUJOURS PAS REÇU DE DÉCRET D’APPLICATION.