Cortex dans l’Humanité du 1er juillet 2016 Les mots qui fâchent, PAR PHILIPPE TORRETON
BREXIT, L’EUROPE A BON DOS
Brexit, on l’attendait plus au sud, et finalement il a pris corps chez les Beatles. Brexit. Petit vocable simple qui vous donne l’air informé, comme le notait secrètement Victor Klemperer dans ses carnets, « l’usage des abréviations qui donnent le sentiment d’appartenir au groupe d’initiés. Les abréviations sont répandues parce que le régime technicise et organise ».
Personne ne connaît les conséquences de ce départ, les prédictions sont complexes et font le grand écart mais le mot est simple et presque amusant, si l’on en croit Matteo Renzi.
C’est fait et c’est net, pas de recompte. C’est fait et j’ose un « tant mieux ». Car pour être pro-européen convaincu, on n’en est pas moins homme, et force est de constater que l’homme, l’humain, a cédé le pas dans les priorités de cette UE économique et financière, l’humain n’a duré que le temps d’un après-« guerres mondiales » lorsque tout le monde pleure d’une seule larme et puis « les affaires sont les affaires ».
Le départ de la Grande Bretagne peut être salutaire si l’UE entend le message ou plutôt si les nations qui la composent l’entendent, tout dépendra donc du courage politique de nos dirigeants. Vont-ils entendre ou rester sourds à ce cri de rupture ? Vont-ils comprendre cette urgence à replacer l’être humain, le citoyen, le salarié au cœur des préoccupations de l’UE ?
Vont-ils enfin prendre leurs distances avec cette incroyable et injuste politique d’austérité ?
Vont-ils avoir le courage d’une fiscalité commune ? L’Europe ressemble à ceux qui la font, l’Europe c’est Hollande, Merkel, Renzi, etc. Ce n’est pas une entité obscure et incontrôlable sans visages et donc sans responsables, elle est composée de gens élus par des peuples. Vont-ils continuer à être pro-européens entre proeuropéen et national, lorsqu’on parle au peuple qui souffre ?
L’UE est devenue la fosse septique de la médiocrité et de l’hypocrisie de la majorité de nos hommes politiques également répartis à droite comme à gauche en France comme ailleurs.
Un territoire trouble où se repaissent également sur son dos tels des pique-bœufs une certaine gauche et le Front national, exploitant de concert une misère sociale en lui donnant un os à ronger. L’Europe a bon dos.