Le capitalisme expliqué à ma petite fille, par Jean Ziegler, 9 €
Yvon Quiniou, philosophe : Qu’il faut haïr le capitalisme 64 pages, 6 €
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La dette, outil d’asservissement
Dès le XIXe siècle, les puissances du Nord ont condamné les jeunes États endettés à un sous-développement endémique en imposant des traités de libre-échange à l’Amérique latine, l’Égypte ou la Turquie, en instaurant des commissions du remboursement de la dette en Turquie, en Tunisie et en Grèce, au détriment des productions nationales.
Complices, les élites locales se sont enrichies par l’achat d’obligations souveraines dévaluées, tout en favorisant l’endettement extérieur plutôt que de contribuer par l’impôt. Les grandes puissances soutiennent alors des régimes locaux corrompus et coercitifs pour dégager les excédents destinés au remboursement. Impôts, récoltes confisquées, monopoles à bas prix sur les matières premières et les produits de première nécessité imposent aux peuples saignés à blanc une véritable servitude par la dette, au moyen de «plans d’ajustement». Une méthode reprise plus tard par le FMI et la Banque mondiale.
Devant les cessations de paiement dues à ces politiques prédatrices, les grandes puissances ont mené des guerres de conquête en prétextant le remboursement des emprunts souverains dû à leurs banquiers privés. Ainsi, le «Système Dette» se révèle comme la clé de l’histoire des dominations et de l’impérialisme. Mais la dette sert aussi à exploiter la naïveté des peuples du Nord, avec l’aval de leurs dirigeants. L’emprunt russe réfuté dès 1918 par les Soviétiques a dégagé des profits au détriment des petits porteurs jusqu’en 1927. La collusion États-finance-médias a entraîné les peuples dans un cycle infernal de la dette et de la faillite, jusqu’aux deux conflits mondiaux du XXe siècle. De nos jours, dans le processus néocolonialiste de la mondialisation, la dette publique justifie l’aliénation des peuples périphériques et, désormais, des peuples du Nord par la destruction de l’État providence et la précarité qu’entraînent les mesures d’austérité budgétaire. Or, selon le théoricien de la dette odieuse Alexander Sack, une dette souveraine devient odieuse quand l’usage des fonds prêtés est contraire aux intérêts de la population de tout ou partie du territoire, et quand les créanciers en sont prévenus, les répudiations menées par les États-Unis, le Portugal et l’URSS en établissent la jurisprudence.
Toussaint démontre le caractère odieux des dettes contractées dans le cadre de «plans d’aide» et conditionnées par des politiques d’ajustement structurel, en Afrique ou en Grèce, qui bafouent les droits humains élémentaires et le droit international sur les traités. Enfin, le livre décrit les annulations unilatérales de dette en insistant sur les répudiations victorieuses: l’URSS, le Mexique, Cuba sont sortis de la spirale d’endettement et ont retrouvé le contrôle de leur politique en accédant très vite à l’emprunt souverain. Au passage, les «démocraties occidentales» et les organismes internationaux qu’elles ont mis en place, Banque mondiale, OCDE et FMI, se révèlent directement liés aux grands organismes financiers privés. Accessible au grand public, cet ouvrage éclaire l’histoire des pays de la périphérie à la lumière de l’exploitation de leurs dettes extérieures par les puissances occidentales alliées au capitalisme financier. MARIE-LAURE COULMIN KOUTSAFTIS
Eric Vuillard
En quelques pages Eric Vuillard sait merveilleusement raconter l’Histoire. Des livres que l’on dévore et qui nous en apprennent beaucoup…
Dans « Tristesse de la terre » il nous conte la véritable histoire de Buffalo Bill, et de l’extermination des indiens en Amérique du Nord.
Dans « 14 juillet » c’est le récit passionnant, coté peuple, de la prise de la Bastille. En lice pour Le livre Inter 2017
Dans « L’ordre du jour » il nous raconte comment, le 20 février 1933, en présence d’Hitler, chancelier, et de Goering, président du Reichstag, les grands patrons de Siemens, Opel, Krupp, Bash, Bayer, Agfa, IG Farben, Allianz, Telefeunken décident de financer le parti nazi et d’approuver son projet. Puis la « négligence » coupable des dirigeants des pays voisins.
Dans « Congo » : « Le Congo, ça n’existe pas. » il faut donc l »inventer. En 1884, à la conférence de Berlin, les grandes puissances se partagent l »Afrique et créent l »État indépendant du Congo, une simple entreprise commerciale. Viennent alors le défrichage, l »installation des comptoirs, les massacres…
En évoquant le roi Léopold II, Charles Lemaire l’éclaireur, Léon Fiévez le tortionnaire, les frères Goffinet les négociateurs, Éric Vuillard donne au mal un visage. À la fois récit historique et réflexion politique sur le libre-échange, Congo ressuscite, d »une plume lucide et irrévérente, la période coloniale, l »aube de notre modernité..
Eric Vuillard : « Ce que l’on appelle fiction participe à la structure de notre savoir »
Rencontre avec Eric Vuillard –> http://monpremierestunlivre.blogspot.fr/2016/10/rencontre-avec-eric-vuillard.html
La colère sociologique des Pinçon-Charlot est plus vive que jamais : plus de droite ni de gauche, tous réunis autour du veau d’or. Cynisme et déni de la règle sont devenus le mode de fonctionnement « normal » des dominants. C’est en toute impunité que s’organise la corruption au profit d’une petite caste affamée d’argent sous l’œil bienveillant des gouvernements. Il y a bien sûr Donald, François, Marine et les autres, sur lesquels les Pinçon-Charlot alignent chiffres et faits irréfutables. Ils jettent aussi leur lumière crue sur des pratiques d’une extrême violence : celles de la financiarisation des services à la personne ou la mondialisation du droit à polluer avec le juteux trafic des « crédits carbone ». C’est une guerre que le couple mythique dénonce ici, avec l’argent comme arme de destruction massive. Une guerre de classe qui menace l’avenir de l’humanité.
64 pages, 8 euros, ed Textuel
Collectif, coordonné par Jean-Francois Yon
Les vingt-cinq organisations réunies dans ce livre ont en commun de lutter, chacune dans leur domaine, contre le chômage et la précarité, ces réalités qui minent la société française depuis plus de quarante ans. Dans le prolongement de leur action, elles prennent ici la plume pour contrecarrer idées reçues et contrevérités, présenter des expériences novatrices et montrer le vrai visage des chômeurs, victimes et non coupables, mais surtout acteurs et citoyens engagés de notre société. Une invitation à la solidarité pour multiplier les initiatives et porter ensemble, grâce à une large mobilisation citoyenne, un véritable changement !
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240 PAGES • Relié
Date de parution : 19 Janvier 2017
ISBN 978-2-7082-4511-2
EAN-ISBN 9782708245112
Prix Unitaire: 10,00 €
ORGANISATIONS PARTENAIRES :
AC !, ADIE, APEIS, APF, ATD-Quart Monde, ATTAC, CFE-CGC, CGT, CIP, CNIDFF, le mouvement Colibris, Collectif Roosevelt, Coorace, Crepi, DAL, Emmaüs France, FNARS, France terre d’asile, JOC, MNCP (et les Amis du MNCP-PARTAGE), Pacte civique, Secours catholique, SNU PE-FSU, Solidaires.
Évasion, optimisation fiscale et fraude font perdre chaque année entre 60 et 100 milliards d’euros au budget de la France et plus de 1 000 milliards en Europe. Conséquences de la lutte molle de nos gouvernements, l’école, la culture, l’hôpital, la justice, les équipements publics, les collectivités perdent des moyens pour répondre aux besoins des citoyens. Cette austérité qui mine l’État gangrène la démocratie et ouvre la porte à l’extrémisme.
Publié aux éditions du Cherche Midi (et disponible en version numérique), l’ouvrage intitulé « Sans domicile fisc » co-signé par le sénateur Eric Bocquet et son frère, le député Alain Bocquet, s’est déjà vendu à plus de 10 000 exemplaires. Voici 8 citations extraites de cet ouvrage, objet de nombreux débats en France en présence de ses auteurs. Des témoignages qui incitent à la lecture, mais surtout à lutter plus efficacement contre la fraude et l’optimisation fiscale.
1. «Le sujet de l’évasion fiscale est, à l’origine, un sujet non criminel. Il naît de l’idée qu’un État dispendieux et non organisé ferait peser une pression fiscale insupportable sur de pauvres contribuables qui cherchent à échapper à la pression… Ceci fournit au fraudeur des excuses, et en général une certaine compassion sociale ». Alain Bauer, criminologue.
2. « …moins de 1% des gens, détenteurs de gros capitaux financiers ou productifs, peuvent plus ou moins décider du sort des autres, de leur emploi et de leurs revenus. Des décennies de luttes sociales ont permis de limiter l’arbitraire et de construire des cadres devant s’imposer à tous. Mais de façon permanente, les mêmes détenteurs des plus gros capitaux cherchent à s’affranchir de ces règles collectives relatives à la progressivité de l’impôt, à la protection sociale à but universel, au droit du travail, aux normes environnementales, etc. ». Jean Gadrey
3. La loi Suisse sur le secret bancaire : « Ce fut en 1934. Non pour protéger le patrimoine de membres des communautés juives de la convoitise nazie, mais en réaction contre la France, dont la police avait, deux ans plus tôt, surpris le versement illicite de coupons et de dividendes non déclarés dans les locaux d’une banque bâloise à Paris ». Les frères Bocquet.
4. « Seuls 1,1 à 1,6% des flux financiers mondiaux ont un lien direct avec la production et l’échange de biens et de services », le reste n’est que marchés financiers. Les frères Bocquet.
5. « La plupart des citoyens manifestent une certaine bienveillance pour l’idée qu’on peut en faire passer un peu de côté ! Une attitude assortie d’une résolution, sans doute teintée d’hypocrisie, prétendant que si l’État était bien géré, on consentirait à des efforts, mais… qu’au vu des gaspillages régulièrement dénoncés, on y renonce.» Michel Claise, juge d’instruction auprès du tribunal d’instance de Bruxelles et chargé d’un cabinet financier,
6. « Les évaluations des ONG sont édifiantes : cette situation génère chaque année un manque de recettes de 60 à 80 milliards d’euros pour le budget de la République française, dont le montant total des recettes est de 300 milliards pour 2016. Une perte à comparer avec la trentaine de milliards d’euros de recettes de l’impôt sur les sociétés, ou encore les 73 milliards du déficit budgétaire annoncé pour 2016 ». Les frères Bocquet.
7. « Je ne pense pas que les citoyens acceptent encore longtemps que les entreprises comme Total, Saint-Gobain, Danone, Suez Environnement, Schneider et autres s’exonèrent en ne payant pas d’impôts en France à dues proportions. (…) La fraude est estimée entre 60 et 80 milliards en 2015, et l’optimisation à près de 66,3 milliards esquivés en 2009… (…) ». Vanik Berberian, président des maires ruraux de France.
8. « On a assisté au repli du grand banditisme traditionnel vers les domaines économiques et financiers. Il s’est converti à ces pratiques très juteuses. L’exemple typique est celui de la ”fraude à la TVA“. (…) La TVA est le plus important des impôts indirects, avec 140 milliards d’euros. Le manque à gagner annuel est évalué à environ 30 milliards par la Commission européenne, soit environ 20% de la première ressource de l’État! ». Vincent Thomazo, contrôleur principal des douanes et secrétaire général du syndicat UNSA-Douanes
Comment sortir de la nuit néolibérale.. Par Pierre Dardot, philosophe, et Christian Laval, sociologue, Ce cauchemar qui n’en finit pas aux éditions La Découverte. Mai 2016
Gérard Mordillat : La Brigade du rire. Une leçon de politique, une rééducation qui serait bien utile à nos chroniqueurs des médias….
Il y a Kowalski, dit Kol, né en colère. Betty, licenciée de l’imprimerie où elle travaillait. Dylan, prof d’anglais et poète. Les jumelles Dorith et Muriel, pour qui la vie est une fête permanente. L’Enfant-Loup, coureur et bagarreur. Suzana, infirmière en psychiatrie. Rousseau, beau gosse et prof d’économie. Hurel, industriel, lecteur de Marx et de Kropotkine. Isaac le rouquin, distributeur de films, et Victoria que personne n’attendait…
Constitués en « Brigade du rire », par jeu, ils kidnappent Pierre Ramut, l’éditorialiste vedette de Valeurs françaises, et, dans un bunker transformé en atelier, l’installent devant une perceuse à colonne. Forcé de travailler selon ce qu’il prescrit dans ses papiers hebdomadaires – semaine de 48h, salaire de 20% inférieur au SMIC, productivité maximum, travail le dimanche –, Ramut saura désormais de quoi il parle…
Dans une grande fresque tragi-comique, fidèle à son univers – Vive la sociale, Les Vivants et les Morts – Gérard Mordillat parle du monde d’aujourd’hui, de ses injustices, de ses luttes, de ceux qui refusent de se soumettre et se vengent d’un grand éclat de rire.
Ouvrage collectif coordonné par Pierre Khalfa de la Fondation Copernic et Alexis Cukier
Editions du Croquant –> 8 euros
Une histoire populaire de l’Empire américain, en bande dessinée (éditions Delcourt)—> une bonne idée de cadeau
d’après « Une histoire populaire des Etats Unis », d’Howard Zinn
En tant qu’intellectuel, Howard Zinn part de ce postulat : le point de vue traditionnellement adopté par les ouvrages d’histoire est assez limité. Ainsi, il décide de rédiger un ouvrage sur l’Histoire des États-Unis afin d’en offrir une perspective différente : c’est la naissance d’Une histoire populaire des États-Unis. Ce livre dépeint les luttes qui opposèrent les Indiens d’Amérique aux Européens, l’expansion des États-Unis, les révoltes des esclaves contre le système qui les oppressait, les oppositions entre syndicalistes – ou simples travailleurs – et capitalistes, les combats des femmes contre le patriarcat, le mouvement mené par les Noirs contre le racisme et pour les droits civiques, et d’autres parties de l’Histoire américaine qui n’apparaissent pas dans les livres.
Cette adaptation en bande dessinée est remarquable par sa puissance synthétique, qui réussit à n’édulcorer en rien le propos de Zinn ; son découpage et son rythme parviennent à insuffler une vie à ce qui pourrait n’apparaître que comme une somme historique.
Howard Zinn : « Les USA n’ont jamais été une démocratie »
Noam Chomsky : De la propagande Un livre de 2001 mais d’une actualité brûlante en ces temps où le matraquage médiatique bat son plein.
Noam Chomsky, le linguiste américain, ne se contente pas de maudire l’obscurantisme, il allume une bougie pour que nous puissions y voir.
– collection livre de poche 10/18
Les Faux-semblants du FN : Ouvrage salutaire. Parution Octobre 2015
« Sociologie d’un parti politique », ouvrage collectif, Presses de Sciences-Po
Salutaire parce que ses 21 auteurs passent la formation d’extrême droite au crible des sciences politiques, de la sociologie, de la statistique. Parce qu’ils démontent les clichés véhiculés par les médias. Ils donnent du même coup des outils de combat.
Joseph Stiglitz : La grande fracture, sortie Septembre 2015 Voir l’article du 31 août
Fatou Diome. « Je suis là pour gâcher le sommeil des puissants »
Quel dommage que tu ne sois pas plus noire, Yasmine Modestine, Max Milo éditions
Peuple citoyen par Jean-Claude Mairal
Le livre noir des banques
Des centaines de milliards d’euros : c’est ce qu’ont coûté les plans de sauvetage des banques françaises après le quasi-effondrement du système financier mondial en 2008, pris au piège de ses propres folies spéculatives. Indignation de l’opinion, grandes promesses de régulation : on allait voir ce qu’on allait voir pour recadrer une finance devenue « ennemie ».
Six ans plus tard, où en est-on ? Les banques sont-elles redevenues utiles à l’économie et à la société ? C’est tout le contraire !
parution 21 janvier 2015, chez votre libraire.
2014 – 6 € À en croire le gouvernement et les médias, la crise économique que nous traversons serait due au « coût » du travail. Les Français seraient trop payés, ne travailleraient pas assez longtemps et auraient des acquis sociaux trop élevés qui limiteraient la compétitivité des entreprises. Tout dément pourtant cette thèse patronale. Aujourd’hui, lorsque les entreprises font des profits, 80 % sont destinés à rémunérer les actionnaires. Un salarié travaille en moyenne vingt-six jours par an pour les actionnaires, contre neuf jours par an au début des années quatre-vingt. C’est ce coût du capital exorbitant qui détruit l’emploi, qui jette les gens dans la rue, qui ravage la planète. En analysant le coût du capital et ses conséquences, les économistes qui ont contribué à cet ouvrage proposent une critique radicale du capitalisme d’aujourd’hui. Ils permettent ainsi de trouver les formules de son renversement.
Guillaume Etiévant, expert auprès des comités d’entreprise et des organisations syndicales, est secrétaire national du Parti de Gauche à l’Économie et au Travail. Il est membre du bureau de la Fondation Copernic.Nolwenn Neveu, professeure agrégée de sciences économiques et sociales, est coprésidente de la commission économie du Parti de Gauche.Laurent Cordonnier, Benjamin Coriat, Michel Husson, Paul Jorion, Jean-Luc Mélenchon et Hadrien Toucel ont également contribué à cet ouvrage.
Retournez les fusils
Son camp, Jean Ziegler l’a choisi depuis longtemps. Son engagement est même l’oeuvre de toute une vie. A l’université de Genève d’abord, où il a formé des générations de sociologues à la pensée critique. A l’ONU ensuite, où il a travaillé sans relâche à l’éradication de la faim au nom de la dignité des peuples. Dans ses livres enfin, par lesquels il n’a cessé de dénoncer les mécanismes d’assujettissement des peuples du monde.
A partir de ses expériences de terrain et de son travail critique, Jean Ziegler a constitué le trésor de guerre que voici, présenté dans une édition entièrement refondue, plus de trente ans après la première. Comment penser le monde et le transformer ? Quels sont les outils analytiques à notre disposition pour y parvenir ? Choisir son camp, oui. Parce qu’il est grand temps de retourner les fusils.
Le Manuel d’histoire critique publié par le Monde diplomatique est une contribution importante pour battre en brèche la pensée unique conservatrice.
le Monde diplomatique 2014 -. 11,95 euros.
CET OUVRAGE COLLECTIF S’ATTAQUE AUX IDÉES REÇUES SUR LE PASSÉ, DE 1830 À 2010.
L’histoire est un champ de bataille que l’idéologie réactionnaire n’hésite pas à investir pour vanter les bienfaits de la colonisation ou amalgamer nazisme et communisme. Ce Manuel d’histoire critique offre une alternative salutaire aux antiennes conservatrices que certains ouvrages pédagogiques relaient sans distance.
L’ouvrage, divisé en périodes cohérentes, permet à la fois de réinvestir les thématiques classiques de l’enseignement du secondaire et de pointer les allant-de-soi traditionnellement véhiculés par les médias et certains manuels peu scrupuleux.
Le collectif d’auteurs mobilisés a donc produit une histoire critique susceptible d’intéresser élèves et enseignants: de la clarté des textes à l’iconographie explicative, l’ensemble compose une synthèse aussi complète que rigoureuse. Le XIXe siècle est ainsi présenté dans la trame composite des révolutions qui permettent des élans émancipateurs. Les débuts du XXe siècle ne sont pas enchâssés dans le seul premier conflit mondial: les auteurs insistent notamment sur les révoltes coloniales. Un sort est fait au mythe des soldats unis dans les tranchées: ce sont surtout des solidarités de classe qui ont émergé des expériences partagées du combat.
Principes explicatifs
Battant en brèche les idées reçues sur le New Deal, le Manuel présente cet amortissement de la crise de 1929 comme une politique pragmatique menée au coup par coup. La Seconde Guerre mondiale est également réévaluée dans sa pluralité d’engagements et d’intérêts nationaux. Les mouvements de décolonisation sont examinés dans toutes leurs conséquences: la domination du Nord sur le Sud et l’émergence contrariée des autonomies politiques s’imposent comme autant de principes explicatifs pour le monde qui vient. La montée en puissance du néolibéralisme et ses dégâts sociaux et environnementaux sont précisément décrits. Souhaitons que cet ouvrage remplace au plus vite les vade-mecum conservateurs dont, en miroir, la faiblesse n’est que plus éclatante.
Jérôme Lamy, historien
« Modèle allemand, une imposture »
Un livre de Bruno Odent -2014-
Le modèle allemand, voilà le salut. Une chronique quasi continue nous invite à en imiter les règles. Des « coûts salariaux » en diminution qui favorisent la compétitivité, des finances publiques à l’équilibre, le consensus des partenaires sociaux sur les orientations des directions d’entreprises. Il n’y aurait pas d’autre choix que de se conformer ou de continuer à nous enfoncer dans les difficultés. Et il serait rassurant qu’au niveau européen Angela Merkel impose son « leadership » avec le traité budgétaire, des normes de gouvernance partout « rigoureuses », assorties d’une panoplie de sanctions pour ceux qui ne s’y soumettraient pas et une « aide » aux pays les plus surendettés forcément attribuée avec des contreparties drastiques
Ce modèle là est une imposture. Non seulement il ne soigne pas les pays affectés par la crise de l’euro mais il les empoisonne. Un tournant vient d’être atteint. L’Allemagne, le cœur de référence du modèle, est rattrapée elle même par la crise. Une stagnation de son économie est programmée au mieux pour 2013 (+ 0,4% de croissance selon les prévisions de la Bundesbank, la banque fédérale allemande). Les réformes anti-sociales lancées au début de la décennie 2000 par le chancelier Gerhard Schröder, poursuivies par Angela Merkel engendrent une précarité massive qui étouffe la demande intérieure. Et l’austérité budgétaire imposée aux partenaires européens contracte les débouchés des firmes à l’export.
Toute une société dangereusement ébranlée par le contrecoup des réformes de structure, orchestrées par le chancelier social-démocrate, Gerhard Schröder au début des années deux mille. Des phénomènes inconnus, il n’y a pas si longtemps encore, prennent une extension considérable. Comme les travailleurs pauvres ou la misère des seniors après le démantèlement partiel du système de retraite par répartition. La discrimination sociale et professionnelle des femmes persiste. La crise démographique s’étend. Les coûts de l’énergie explosent. Et les prix des loyers et de l’immobilier jusqu’alors contenus, commencent eux aussi à s’emballer.
Pourtant c’est sur ce modèle là que l’Europe devrait régler son pas. Les normes ordo-libérales de Berlin sont aussi celles de Bruxelles. Un forcing est engagé pour qu’elles s’imposent toujours davantage à tous les pays de la zone euro. Comme cette « règle d’or » budgétaire française, imitation du « frein à dette » (Schuldenbremse) intégré dans la loi fondamentale germanique ou même comme cette loi dite ANI (Accord National Interprofessionnel) de flexibilisation de l’emploi promulguée par Paris au printemps 2013.
L’Allemagne occidentale avait fondé sa puissance industrielle sur un système rhénan caractérisé par des productions de qualité mises au point et fabriquées par des salariés hautement qualifiés qui étaient les mieux payés de toute la communauté européenne. Sa force de frappe reste à l’origine des performances allemandes actuelles à l’exportation.
Très inspirée par le patronat germanique, qui a acquis une place de plus en plus prépondérante dans les processus de décision politique outre-Rhin, la mutation du vieux système a traduit un double objectif stratégique.
Il s’est agi d’une part de renforcer une position hégémonique sur le reste de l’Europe pour placer les groupes exportateurs en pôle position sur le champ de l’économie mondialisée. Et on a voulu briser d’autre part les vieilles contraintes internes d’une économie allemande, très peu dépendante jusqu’alors de la bourse, afin d’épouser des critères anglo-saxons privilégiant le rendement financier. Car ceux là étaient considérés comme une sorte de visa vers le grand large.
C’est précisément autour de ce double objectif stratégique que se nouent les contradictions qui éclatent aujourd’hui. L’Allemagne est dominante grâce à sa puissance industrielle mais en même temps ébranlée par le torpillage que Berlin a, lui même, organisé du système économique et social rhénan à l’origine de… ses performances. Et la volonté d’imposer des mesures de plus en plus sévères et coercitives aux pays de la zone euro accentue la crise de la monnaie unique avec un effet boomerang pour les exportations allemandes.
Ces contradictions s’enveniment aujourd’hui. Elles sont à l’origine de la récession de la zone euro. Mais l’obstination à suivre, à la lettre, chez chaque état-membre les dogmes qui ont servi de référence à la mutation du vieux système rhénan, ne porte pas à conséquence seulement sur un plan économique. Elle alimente maintenant une crise qui est aussi sociale, morale et politique.
La multiplication des scandales politico-financiers, en Espagne, en Grèce, ou en Italie, jusqu’à l’épisode français de l’affaire Cahuzac, l’écart qui se creuse entre le monde politique et des classes populaires qui ne se sentent plus entendues, la montée de l’abstention, le succès des populismes et autres nationalismes ou régionalismes, sont en fait l’autre versant du modèle. L’Europe est touchée par des secousses multiformes dont l’origine se situe précisément dans sa soumission à des normes ordo-libérales « sans alternative » comme on le martèle de Berlin à Bruxelles.
L’Allemagne n’échappe pas au malaise général. Et cela n’a rien d’étonnant puisqu’elle est, en fait, à l’épicentre de ces crises. Comme le révèlent les propos de la chancelière quand elle en vient à formuler la nécessité pour la démocratie d’être « Marktkonform » (conforme au marché (1). Des intellectuels, des syndicalistes, des progressistes se sont aussitôt insurgés outre Rhin, relevant combien ce terme qui visait à justifier la mise sous surveillance des états-membres partenaires, illustrait la marche vers une «postdémocratie» réduisant partout les droits de citoyens à cette conformité marchande.
Le modèle, si désiré des messagers de l’orthodoxie économique, est un poison pour l’Europe et pour … l’Allemagne. Il y a urgence à refonder la construction européenne en y inscrivant en grand les principes de coopération et de solidarité toujours plus malmenés. Des changements radicaux immédiats sont possibles et cruciaux, dans l’intérêt des peuples européens …avec ces allemands, nombreux, qui ont fait le choix de résister et d’exiger des alternatives.
1) Angela Merkel, le 3.09.2011, dans une interview à la radio publique DeutschlandRadio : « Nous vivons bien dans une démocratie et c’est une démocratie parlementaire et c’est pourquoi le droit de décider du budget est un droit nodal du parlement et tenant compte de cela nous trouverons des chemins, pour faire en sorte que la codécision parlementaire soit aussi conforme au marché » (Wir leben ja in einer Demokratie und das ist eine parlamentarische Demokratie und deshalb ist das Budget Recht ein Kernrecht des Parlaments und insofern werden wir Wege finden, wie die parlamentarische Mitbestimmung so gestaltet wird, dass sie trotzdem auch Marktkonform ist».
Le cauchemar européen par Matthias Tavel, 2013
La construction européenne est souvent présentée comme un rêve de paix, de prospérité et d’amitié entre les peuples. Aujourd’hui, elle est synonyme de chômage, de régression sociale et de négation de la souveraineté des peuples. Le rêve a viré au cauchemar. Il y a urgence à mettre fin à cette catastrophe économique et sociale avant qu’elle ne devienne une catastrophe politique. Pour cela, encore faut-il avoir les idées claires et nommer les choses par leur nom. L’Europe devait être une solution. Elle est devenue une partie du problème. Ce livre donne des arguments pour aider à comprendre, loin des silences médiatiques et du bal des faux-culs qui tient souvent lieu de débat politique sur l’Europe en France.
parution 2013
Sur fond de crise, la casse sociale bat son plein : vies jetables et existences sacrifiées. Mais les licenciements boursiers ne sont que les manifestations les plus visibles d’un phénomène dont il faut prendre toute la mesure : nous vivons une phase d’intensification multiforme de la violence sociale.
Mêlant enquêtes, portraits vécus et données chiffrées, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot dressent le constat d’une grande agression sociale, d’un véritable pilonnage des classes populaires : un monde social fracassé, au bord de l’implosion.
Loin d’être l’oeuvre d’un « adversaire sans visage », cette violence de classe, qui se marque dans les têtes et dans les corps, a ses agents, ses stratégies et ses lieux. Les dirigeants politiques y ont une part écrasante de responsabilité. Les renoncements récents doivent ainsi être replacés dans la longue histoire des petites et grandes trahisons d’un socialisme de gouvernement qui a depuis longtemps choisi son camp.
À ceux qui taxent indistinctement de « populisme » toute opposition à ces politiques qui creusent la misère sociale et font grossir les grandes fortunes, les auteurs renvoient le compliment : il est grand temps de faire la critique du « bourgeoisisme ». Feuilleter ce livre
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Pascal Boniface, Les Intellectuels faussaires : le triomphe médiatique des experts en mensonges,
Éditions Jean-Claude Gawsewitch
Oui à la liberté d’expression mais pas à n’importe quel prix. Avec de solides arguments en main, Pascal Boniface convainc et dégomme les postures adoptés par les « faussaires » de l’information, déguisés sous les traits d’intellectuels, d’experts et de chercheurs. Sous couvert de la défense de la « morale » dont ils se portent garants, ces hommes et ces femmes n’hésitent pas à déformer la vérité pour parvenir à leurs fins, à adopter des thèses qui sont dans l’air du temps et qui permettent de booster leurs carrières, voire à changer de discours dès lors qu’elles ne leur sont plus utiles.
Parution 2012
Une enquête dans la droite ligne du best-seller « Les Intellectuels faussaires ».
Dans la tourmente de la crise économique grave qui secoue la planète, les économistes exercent un formidable magistère. Journaux, télévisions, gouvernements : oracles respectés d’un univers au bord du chaos, tout le monde les consulte. Pour comprendre les causes de la catastrophe. Pour trouver des remèdes. En France, ils sont ainsi une petite vingtaine à disposer d’un quasi monopole d’expression dans le débat public. Et à la veille de l’élection présidentielle de 2012, gauche et droite se les disputent pour donner du crédit à leurs projets.
Mais qui a eu l’idée d’expertiser… ces experts ? Car en vérité, le petit microcosme des économistes français, s’il recèle de grands talents, souvent modestes et peu connus du grand public, comprend aussi des charlatans ou des imposteurs. C’est ce qu’établit ce livre, qui recense les invraisemblables bourdes commises par quelques uns de ces économistes de renom. Et aussi les formidables conflits d’intérêt dont certains d’entre eux se rendent coupables et qui jettent la suspicion sur l’honnêteté ou l’indépendance de leurs diagnostics et recommandations.
Ils prétendent détenir les clefs d’une science qui explique la misère du monde. Mais ce qu’ils ne disent pas, c’est que trop souvent, ils en vivent, de ce système qui est devenu fou. Et ils en vivent même très bien. C’est aussi l’objet de cette enquête : lever le voile sur le petit business, pas toujours glorieux, des grands économistes.
LAURENT MAUDUIT est journaliste. Après avoir été chef du service économique de Libération, il a rejoint Le Monde comme responsable de la politique économique et sociale française puis directeur adjoint de la rédaction. Il a quitté le quotidien pour fonder Médiapart avec Edwy Plenel.
Paru en Mai 2011 aux éditions du Seuil (15 €). Un excellent tour d’horizon de la situation, simple et agréable à lire.
Il n’y a pas d’alternative. Trente ans de propagande économique
Après la Seconde Guerre mondiale, les élites économiques européennes, affaiblies par leur collaboration avec l’Allemagne nazie, doivent faire profil bas. Aux États-Unis, la peur du communisme paralyse la société. Pendant trente ans, des deux côtés de l’Atlantique, les classes moyennes vont profiter de cette situation et prospérer. Mais à la fin des « Trente Glorieuses », les libéraux sentent que l’heure de la revanche a enfin sonné.
Pour imposer leurs idées, ils utilisent une arme rhétorique redoutable : TINA, le fameux acronyme thatchérien de « There is no alternative », qu’ils vont répéter et faire répéter par tous les médias jusqu’à ce qu’il soit entendu comme une vérité révélée. Il n’y a pas d’alternative au capitalisme, au marché, à la mondialisation, à la déréglementation financière, aux baisses de salaires, aux délocalisations, à la disparition des protections sociales, etc. Cette idéologie va infester les sociétés occidentales, provoquer le déclassement social du plus grand nombre et des profits gigantesques pour quelques-uns.
Une oligarchie confisque alors le pouvoir. Mais quand la crise financière de la fin des années 2000 met en péril sa fortune et son patrimoine, l’État recouvre soudain toutes ses vertus. Ceux qui hier le vilipendaient réclament son secours à grands cris. Il n’y a pas d’alternative, il faut sauver les banques ! Et pour renflouer les pertes abyssales de l’économie de casino, ce sont encore les plus démunis qui seront rançonnés, à commencer par les salariés.
Jusqu’à quand ?
Agrégé d’économie, Bertrand Rothé est l’auteur de Lebrac, trois mois de prison (Seuil, 2009). Romancier, cinéaste, Gérard Mordillat est notamment l’auteur de Rouge dans la brume (Calmann-Lévy, 2011).