Le PS, le PCF et les écologistes veulent en finir avec le fonctionnement actuel de la Nupes.
Jean-Luc Mélenchon a semblé acter la fin de la Nupes, accusant Olivier Faure, le secrétaire des socialistes, de « rompre » leur alliance politique en affirmant que le leader Insoumis ne peut plus « être celui qui incarne l’ensemble de la gauche et de l’écologie ». Olivier Faure proposera à sa formation un «moratoire» sur la participation des roses à cette union de la gauche.
Les socialistes reprochent à l’ancien candidat à la présidentielle « d’être devenu un obstacle à l’union » et veulent désormais bâtir « un nouveau cadre pour faire gagner la gauche ».
Marine Tondelier la secrétaire nationale d’EELV déplore la « stratégie de conflictualisation permanente » de Jean-Luc Mélenchon et de « son camp » au sein de LFI.
Le Parti communiste français (PCF) a adopté dimanche 15 octobre une résolution dans laquelle il appelle à « un nouveau type d’union » de la gauche en raison de « l’impasse » qu’est devenue la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes). Le texte a été adopté à 92,8 % du conseil national du parti.
La NUPES a donc fait son temps.
Cette construction électorale avait été conçue dans l’urgence entre la présidentielle et les législatives de 2017. Fort de son score à la présidentielle, résultat dû essentiellement au caractère antidémocratique de l’élection présidentielle avec un système qui impose une personnalisation, un choix d’une seule personne sans accord possible entre les deux tours (seuls les deux premiers ayant le droit de se présenter –> d’où l’urgence d’un changement de Constitution) Mélenchon avait imposé aux autres formations de gauche un accord signé avec chacune d’entre elle suivant des termes différents. Précipitation, arrogance dominatrice, ce n’était pas une situation vraiment partagée. La LFI avait imposé une répartition des circonscriptions sans tenir compte des spécificités locales, c’est ainsi que dans ma circonscription où nous pouvions battre la députée macrone avec un choix commun respecté on nous a imposé une candidature LFI complétement hors sol. Et dans toute la Bretagne ils ont « offert » une seule circonscription au PCF, celle de Ploermel, c’est à dire la plus à droite..
Ensuite la LFI a fait comme si la NUPES lui appartenait. On ne peut pas dire que la création de la NUPES résultait d’un consensus !
Et la NUPES n’a pas créé d’élan, d’enthousiasme, ni l’abstention ni le vote RN n’ont reculé..
Les attitudes successives des principaux dirigeants de LFI ainsi que leurs déclarations allant jusqu’à l’insulte ont discrédité la coalition de gauche et rendu la situation insupportable.
Actuellement Mélenchon est devenu un boulet pour la gauche, il est temps de mettre à la retraite ce politicien à la très longue carrière.
Fabien Roussel : « Nous appelons à tourner la page de la Nupes »
Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, estime que la Nupes est dans l’impasse. Il appelle à construire une nouvelle union « plus claire, plus large, et plus utile aux combats » des progressistes.
dans l’Humanité Mise à jour le 16.10.23 Aurélien Soucheyre
Le conseil national du PCF a adopté à 92,8 % des voix une résolution estimant que la Nupes « est devenue une impasse » et appelle à ouvrir « une nouvelle page du rassemblement de la gauche et des écologistes ». L’objectif est de constituer un « nouveau front populaire » capable d’être majoritaire. Le PCF a également adopté trois résolutions concernant les élections européennes, la situation en Israël-Palestine et l’attentat qui a coûté la vie à un professeur dans un lycée d’Arras.
Le PCF estime que la gauche n’est pas à la hauteur de ses responsabilités. Pourquoi ?
Nous nous sommes posé cette question : est-ce que la gauche est à la hauteur des défis, de la situation internationale extrêmement grave et de la montée de l’extrême droite, des intégrismes et des fascismes en France ? Et, malheureusement, la réponse est non. La Nupes est dans l’impasse.
Nous appelons à tourner la page et à construire une nouvelle union, une force progressiste, de gauche, anticapitaliste, écologiste, républicaine, radicale, en lien avec les organisations syndicales, le mouvement associatif et les citoyens. Nous voulons construire un rassemblement très large pour la paix, contre la vie chère, et capable d’être majoritaire demain.
De quoi souffre la Nupes ? Êtes-vous d’accord avec Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV, qui a estimé samedi que Jean-Luc Mélenchon « ôtait toute crédibilité à la coalition de gauche », quand Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a appelé jeudi à « rompre avec la méthode Mélenchon » ?
Nous aurions pu faire la liste des problèmes qui ont affaibli et discrédité la Nupes depuis sa création, avec l’affaire Quatennens, le non-respect des syndicats de la part de la FI pendant le mouvement sur les retraites, le refus des insoumis de condamner les violences urbaines après la mort de Nahel ou encore ces dernières semaines les insultes de la FI comparant le PCF à des dirigeants nazis et son refus de qualifier le Hamas d’organisation terroriste.
Tout cela nous empêche d’être à la hauteur des défis. Cela nous empêche d’être aussi forts que la gauche pourrait l’être concernant le combat social. Cela nous empêche de lutter efficacement contre l’extrême droite en banalisant le nazisme. Et cela nous empêche de construire les rassemblements dont nous aurions besoin pour exiger la paix au Proche-Orient. C’est pourquoi nous appelons à un nouveau rassemblement à gauche plus large, plus clair, et plus utile à nos combats communs.
Quel serait le cadre ? Avec qui élargir le rassemblement alors même que la Nupes se divise ?
Nous sommes persuadés qu’il y a une forte attente à construire une gauche authentique, plus claire sur ses combats et ses valeurs, ayant vocation à rassembler beaucoup plus largement que ce que la Nupes fait aujourd’hui. C’est le chantier que nous allons ouvrir. Nous allons rencontrer chacune des forces politiques de gauche.
Surtout, nous voulons construire un rassemblement respectueux de chacun, apaisé, sans hégémonisme, dans lequel nous voulons pouvoir dire ce qui nous rassemble et débattre sereinement de ce qui nous distingue. Et nous voulons le faire pas seulement avec les dirigeants et les militants de parti, mais avec tous nos concitoyens.
Comment le PCF entend il intervenir pour améliorer le quotidien des Français dans l’urgence, et comment construire une victoire en 2027 alors que la gauche ne part pas favorite face à la droite et l’extrême droite ?
Franchement, pendant les deux jours de débat que nous avons eu au PCF, personne n’a parlé de 2027, car nous sommes surtout préoccupés de ce qui se passe en ce moment avec la montée de l’extrême droite et de la barbarie en France et dans le monde. Et c’est justement parce qu’il y a cette situation grave que nous appelons à un sursaut à gauche. Nous aurons bien le temps de parler de 2027 plus tard.
Aujourd’hui, nous avons une responsabilité vis-à-vis de nos concitoyens, c’est d’être clairs dans la condamnation du terrorisme et des crimes de guerre, et d’être efficaces dans le combat que nous menons contre l’inflation et les bas salaires. C’est pourquoi nous appelons à un grand rassemblement le 18 novembre, devant Bercy, pour amplifier notre campagne contre la vie chère.
Pour un nouveau front populaire par Igor Zamichiéi, Novembre 2023
Face au capital et au danger de l’extrême droite, il est temps que les forces sociales et politiques constituent un nouveau front populaire
Nous ne sommes pas dans la situation prérévolutionnaire dont certains pensent pouvoir tirer profit. Tout indique au contraire que nous affrontons une situation préfasciste lourde de dangers.
Pendant qu’une partie de la gauche s’agite sur des polémiques stériles ou des enjeux électoralistes, les attentes du peuple restent sans réponse. Les milliards pleuvent pour les armes et le robinet est fermé pour les dépenses sociales et écologiques ! Et la colère, elle, est de plus en plus noire.
Dans une telle situation, la responsabilité de la gauche est de désigner l’adversaire, le capital, et de s’organiser pour rassembler le monde du travail. Contrairement à ce qu’affirme le RN, ce ne sont ni les immigrés, ni les privés d’emploi, mais bien le capital qui pille les richesses du pays pour nourrir les dividendes, qui organise l’appauvrissement généralisé des salarié·e·s. Le FMI n’a-t-il pas lui-même affirmé que les profits ont contribué à 45 % à l’inflation de ces derniers mois ?
Le Parti communiste français prend d’ores et déjà toute sa part dans ce combat pour rassembler le monde du travail et recréer des repères de classe, avec ses dizaines de milliers de militant·e·s, avec son secrétaire national Fabien Roussel, en allant quotidiennement à la reconquête des salarié·e·s, des abstentionnistes, de celles et ceux qui ont été abandonnés par la gauche et dont la mobilisation est indispensable pour mettre en échec l’extrême droite et faire gagner une gauche portant un projet de société à la hauteur de leurs attentes.
Parce qu’elle ne s’est jamais fixé une telle ambition, et que le groupe dirigeant de la FI a voulu transformer notre accord électoral législatif en une organisation politique inféodée à son ancien candidat à la présidentielle et à son projet politique, la Nupes est devenue une impasse. Le mouvement social lui-même est handicapé par cette stratégie politique.
Nous lançons donc un appel à toutes les forces disponibles, aux citoyen·nes, aux associatifs, aux syndicalistes, aux socialistes, écologistes et insoumis, aux radicaux et aux républicains de gauche, un appel à ouvrir une nouvelle page du rassemblement de la gauche.
Loin d’une construction électoraliste qui aurait pour ambition la désignation d’un candidat unique en 2027, engageons ensemble la construction d’un large rassemblement de forces diverses qui, à l’image de l’intersyndicale, travaillent dans le respect mutuel, la pleine souveraineté de chacune des organisations et développent des luttes et des initiatives sur la base de combats et de projets partagés.
Le pays veut des solutions concrètes et radicales face à la flambée des prix, à l’aggravation du réchauffement climatique et aux guerres qui se multiplient. C’est pour répondre à cette exigence que nous voulons rassembler.
Construisons un nouveau front populaire qui porte à la fois le combat contre les intégrismes et les fascismes et l’ambition pour l’immense majorité du pays de vivre mieux partout avec des services publics pour toutes et tous, de vivre dignement de son travail et de vivre en paix.
Igor Zamichiei , Article publié dans l’Humanité