Un vrai changement, oui c’est possible !
Le capitalisme détruit la planète et les êtres humains. Face à cela plusieurs attitudes possibles.
- Les droites et extrême droites ( LREM-Renaissance, LR, FN-RN) disent qu’il n’y a pas d’alternative et, en se mettant au service des profiteurs, veulent pousser encore plus loin les méfaits du système(inégalités, précarité, exploitation des individus, course aux profits, dégradation de l’environnement, services publics sacrifiés, etc..)
- Les sociaux démocrates s’arrangent pour rendre le système un peu moins insupportable, tout en le préservant..
- Les populistes présentent le combat contre une « oligarchie » comme un match pour prendre le pouvoir, cela a un certain succès car les gens aiment les matchs, mais hélas cela n’ouvrent pas de perspectives de renversement du capitalisme.
- Du coté communiste il y a eu des années de flou avec accompagnement de la social-démocratie. Actuellement le combat est clairement lancé sur ce que pourrait être un système non-capitaliste.
Le débat initié par Fabien Roussel lors de la fête de l’Humanité de septembre 2022 aborde le fond du problème : allons nous continuer à laisser les capitalistes décider tout sur le travail, et organiser le chômage et la précarité. Proposons, bousculons, afin de faire avancer l’idée que c’est le système qu’il faut abandonner et ne pas rester dans la même logique.
Oui c’est possible, parlons en, proposons, lançons le débat.
Défendre nos acquis contre les profits, oui bien sûr, mais cela ne suffit pas, attaquons la cause des profits.
Combattre la pauvreté, évidemment, mais proposer un monde dans lequel les causes de la pauvreté seront éradiquées.
Donner des perspectives
Restaurer les conditions de l’espérance.
Le livre du philosophe Bernard Vasseur est sorti à l’été 2022. Il y propose une ébauche de ce que pourrait être une sortie du capitalisme. Dans une conférence en mars 2022 il expliquait le contenu de son ouvrage en cours.
Ci-joint le lien vers cette conférence.
Pour donner envie de lire l’ouvrage de Bernard Vasseur j’ai fait un petit résumé de ce qu’il expliquait dans son topo en mars. Il s’agit de courts extraits et j’ai sauté beaucoup de son argumentation pour ne pas être trop long.
Voici :
Extraits de la conférence de Bernard Vasseur en mars 2022
Dans cet exposé BV présente ce que sera le contenu de son livre alors en voie de publication
Quelques bribes ci -dessous, pour inciter à lire son livre, ou pour le moins à écouter sa conférence.:
Extraits
D’abord je voudrais souligner à quel point l’actualité de ces derniers mois met en lumière l’actualité et l’urgence même du communisme l
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une partie de ce texte va être consacrée à une seule question : ce que veut dire le mot communisme aujourd’hui et pourquoi il faut à mon avis le penser autrement qu’on ne l’a fait au 20e siècle
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Ce qui grandit dans notre société c’est la précarité des situations de travail et de vie. Il y a des niveaux records de milliards d’euros reversés en dividendes aux actionnaires, il y a le refus d’une véritable politique tirant les conclusions de la crise écologique qui continue de s’aggraver comme vient de le montrer le récent rapport du GIEC
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Est-ce que nous devons rester dans la routine d’une dénonciation de type médical autour d’une situation qui se détériore est-ce que nous devons rester au refus d’une situation qui s’aggrave et ma réponse est non, en tout cas c’est celle que je propose à votre réflexion et à notre discussion. Ma conviction et qu’il est nécessaire et urgent de travailler à une sortie du capitalisme d’imaginer de penser de mettre en discussion dans l’opinion ce que pourrait être cette sortie et d’agir en ce sens . Il ne suffit donc pas d’être anticapitaliste d’être altèrmondialiste d’être postcapitaliste il faut appeler les choses par leur nom en étant positif car on se bat mieux quand on sait ce que l’on veut et où l’on va.
Le combat pour sortir du capitalisme s’appelle le communisme.
Il cherche à s’organiser et à se construire depuis deux siècles depuis la publication par deux jeunes intellectuels Karl Marx et Friedrich Engels du Manifeste du parti communiste en 1848 il a connu des hauts et des bas. Mais il est plus que jamais à l’ordre du jour parce qu’il y va aujourd’hui désormais de la survie de l’humanité
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puis il évoque la situation dans laquelle nous sommes
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D’où l’urgence de penser ce que pourrait être une sortie du capitalisme.
premier point
Sans doute faut-il penser le communisme autrement qu’on ne l’a fait au 20e siècle
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Un chercheur comme Frédéric Lordon précise en ce sens le communisme ne peut pas être seulement désirable de ce que le capitalisme est odieux il doit l’être pour lui-même désirable. Et pour l’être il doit se donner à voir, il doit se donner à imaginer, bref se donner des figures. Je trouve que ce chercheur a raison et qu’il s’agit bien en effet de quoi ça à quoi ça ressemblerait le communisme j’ai presque envie de dire quelle gueule ça aurait le communisme et en quoi ce serait désirable
Voilà alors de ce point de ce point de vue nous nous heurtons à deux difficultés la première qui tient à nos adversaires politiques, la seconde qui provient de nous, du mouvement communiste et ouvrier.
La première c’est le poids de l’histoire et des réalités du présent. Le communisme a un mot chargé avec l’URSS un passé chargé avec l’URSS et un présent qui n’est pas moins lourd à porter avec la Chine. Le mot communisme est donc devenu dans le discours médiatique courant un gros mot repoussant impossible à prononcer et une politique inimaginable et inenvisageable dans un pays comme le nôtre
Mais il faut d’abord tordre le cou une bonne fois pour toute à l’horrible épouvantail qu’on nous présente sous le nom de communisme et montrer avec détermination que le communisme au sens de Marx n’a rien à voir avec ce que l’on prétend et qu’il n’a jamais ni nulle part été appliqué et réalisé pour arriver à cette conclusion qu’on ne trouve pas de traces au 20e siècle de société communiste.
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ici exemples et justification de cette affirmation
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Du coup évoquer et construire un discours et une action sur la sortie du capitalisme imaginer des figures d’un communisme du 21e siècle c’est parler à l’ensemble de la société à un moment où planétairement le capitalisme est sinon mis en cause du moins interrogé avec méfiance par beaucoup de personnes au sein des peuples parce que il produit des inégalités béantes comme on en a jamais vu dans l’histoire humaine, de véritables fractures parce qu’il soumet tout à la loi aveugle du fric et le fait on voit bien aujourd’hui des tas d’associations par exemple qui cherchent à explorer d’autres voies pour ce qu’elles font et qui sont devenus des dissidentes de la logique capitaliste qu’elles trouvent insupportable. Donc il nous faut revoir ce qu’est le communisme relire Marx avec de nouvelles traductions et de nouveaux textes c’est possible regardez tout ce qui s’écrit et se vend aujourd’hui dans les librairies et on y verra une foule de livres où le mot communisme est cité, revitalisé, remis en selle
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Ainsi vous voyez j’ai là des bouquins, mais il y en a un qui s’appelle « ce gros mot de communisme ». Il y a une quinzaine d’intellectuels très connus en France etc mais même dans le monde et pour eux le mot communisme n’est pas du tout un gros mot justement imprononçable c’est ce qu’ils disent
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Alors j’en arrive à la visée communiste c’est-à-dire à ce que je vais essayer de développer devant vous qu’est-ce qu’on a de nouveau à dire sur le le communisme.
Je prends d’abord un exemple qu’on va imaginer mais vous allez voir que cet exemple il est il parle à tout le monde. je crois c’est celui d’un jeune, imaginons un jeune de banlieue issu d’une famille populaire dépourvue de patrimoine et ne possédant pas de fortune dont il pourrait hériter de la famille, bon d’accord très courant ça, je suppose été votre cas à vous à moi etc
bon alors que va-t-il faire mettons quand il arrive à 16 18 ans alors il va plus vouloir dépendre de ses parents pour vivre donc il va devoir comme on dit comme nous disons tous gagner sa vie et comment cela va-t-il se faire je le décris en 5 points.
1 il va devoir répondre de lui-même à ses besoins se nourrir ce vêtir se loger etc mais il est séparé de ses biens de consommation qui sont à vendre disponibles mais chez des marchands il faut donc de l’argent pour les acquérir, l’argent justement il en a pas il devra donc en chercher il pourrait peut-être en trouver à la banque par l’intermédiaire d’un crédit s’il veut s’installer comme travailleur indépendant et se procurer ainsi des conditions pour un futur travail lui permettant de se procurer l’argent qu’il n’a pas qui lui fait défaut mais il n’est pas sûr que la banque accepte de lui prêter il dépendra donc du bon vouloir d’un banquier et rien n’est assuré admettons que la banque le fasse
il devra alors commencer sa vie d’adulte en son temps et on se condamnant à rembourser de l’argent alors qu’il n’a pas encore commencé à en gagner et qui autrement dit voyez il a pas commencé de vivre qui doit dès qu’il est déjà en tête
troisièmement le plus probable c’est qu’il va devoir trouver de l’argent autrement qu’à la banque en travaillant comme on dit pour et chez un autre c’est-à-dire en mettant en vente ça capacité de travail ces compétences et qualités intellectuelles physiques et intellectuelle sur le marché du travail
On voit que même si le futur travailleur va signer ce qu’on va appeler un contrat de travail ce travail lui sera extérieur puisque ce n’est pas lui mais le capitalisme qui va en décider et que même s’il l’accomplit lui il accomplit pas pour la réalité du travail mais pour de l’argent que ce travail va lui rapporter c’est-à-dire quelque chose d’extérieur au travail qu’il fait bon 4 suivant encore notre notre jeune homme notre jeune fille je parle des compromis que ça ne change rien au problème .
alors le voilà sur le marché du travail là il pourra peut-être trouver un emploi s’il y a des offres d’emploi disponibles sur ce marché et des offres d’emploi mis là par un employeur qui lui versera un salaire mais tout cela dépendra non pas de lui mais un du marché et de l’employeur, donc du bon plaisir du d’un patron en quelque sorte
Il devra ensuite travailler dans des conditions qui ne lui appartiennent pas et où il n’a rien à dire et sous la férule de son patron qui attend que ce travail lui rapporte plus de valeur qu’il ne va en dépenser en lui payant un salaire.
alors j’insiste sur un point décisif c’est que ça c’est la réalité telle que nous la vivons et nous disons toujours bah oui il faut bien gagner sa vie mais ces conditions de départ dans la vie n’ont absolument rien de naturel le fait que comme on dit il faut gagner sa vie en travaillant parce que c’est comme ça dans la société où nous vivons n’a rien de naturel ça n’a pas toujours été comme ça et c’est totalement dû à l’histoire du capitalisme c’est-à-dire cela date de trois siècles ce qui est beaucoup à l’échelle d’une vie individuelle évidemment mais ce qui n’est rien à l’échelle de l’histoire humaine et il n’est donc pas absurde de penser que cela, ces conditions de départ, ça devrait être autrement que ce n’est et on voit bien qu’un si il va commencer pour le jeune homme ou la jeune fille de notre exemple une vie individuelle qui est placé sous le signe des mots que j’ai utilisé très souvent séparation dépendance servitude car un le jeûne est séparé des biens de consommation. 2 il est séparé de l’argent qui se trouve à la banque et qu’il ne lui peut prêtera peut-être pas
3 il est séparé des conditions matérielles de son travail qui sont propriétés privées de quelqu’un d’autre que lui
4 il est dépendant de l’état du marché et de la présence ou non d’emploi disponibles sur ce marché ce qui ne dépend pas de vie
5 à supposer qu’il trouve un emploi son travail va être soumis à ce que va être que va décider son patron ou ses représentants lui-même n’aura pas son mot à dire concrètement son travail lui sera imposé par d’autres même s’il n’a pas de sens pour lui qui doit cependant l’exécuter 6 6 son emploi vient à disparaître c’est l’employeur qui en décidera lui il sera mis au chômage et ce sera donc un retour à la case départ
Alors je résume voilà un jeune à qui toute sa vie échappe et cela depuis son début dans la vie active et pour se reproduire sans cesse
Cela mérite une révolte subjective et une révolution sociale et collective non ?
Regardez le mouvement des femmes il y a 50 ans elle semblait devoir accepter sans broncher une situation de dépendance et de soumission
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Je vais donc puisque ça c’est le point de départ vous présenter la visée communiste en 5 points ce que serait à mon sens ce que je vous propose comme une visée communiste du 21e siècle alors
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d’abord premier point la visée communiste c’est une définition nouvelle du travail et de sa place dans la vie
Il faudra que ce travail réponde aux besoins sociaux sans écraser la vie des personnes mais en contribuant à l’épanouir et à lui laisser le temps de se déployer aussi hors travail c’est le contraire de ce qui se passe aujourd’hui aujourd’hui le travail capitaliste subit un management intense souvent blessant voire meurtrier et ici je pense à cette directrice d’école maternelle de Pantin Christine Renaud je pense au 30 suicides de France Télécom par exemple pour vous montrer que vous voyez aujourd’hui le management est prêt à provoquer la mort le burn-out le découragement, à susciter l’épuisement le désintérêt l’indifférence tout cela parce qu’il faut gagner de l’argent et de quoi vivre alors il suscite aussi le dégoût.
C’est d’imaginer ce que pourrait être une autre agriculture une autre productivité d’autres transports une autre économie faire société communiste c’est amplifier ce mouvement et repenser ce que peut-être la vie dans notre monde actuel. J’ajoute que la visée du communisme ne consiste pas seulement à assurer du travail à chacune et chacun va te faire zéro chômeur mais de permettre à chacune et chacun d’en posséder la maîtrise de devenir souverain sur son travail en étant associé au travail social dans son ensemble et c’est évidemment la grande différence avec le travail dans les rapports sociaux capitalistes [….]
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alors deuxièmement deuxième trait de la visée nouvelle du communisme c’est une nouvelle définition de la valeur
c’est à dire une nouvelle définition de ce qui a de la valeur dans une société de ce que la société considère comme ayant de la valeur une telle visée communiste implique qu’un prima soit désormais accordé à la valeur d’usage des produits du travail tandis que dans le capitalisme tout est soumis aux règnes de la valeur d’échange et à la loi du développement de la production pour la production c’est-à-dire que la seule considération de la satisfaction des besoins sociaux et donc de l’utilité sociale de ce qui est produit doit l’emporter sur la capacité des choses à rapporter du fric,
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le troisième trait de la visée communiste c’est une nouvelle conception de la propriété
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les communistes mettent en avant la question de la propriété à quelques degrés d’évolution qu’elle est arrivée comme la question fondamentale du mouvement mais ils ajoutent que contrairement à l’idée répandue encore aujourd’hui à propos du communisme ce n’est pas l’abolition de la propriété en général c’est l’abolition de la propriété bourgeoise
alors ce qui revient à dire que ce n’est pas n’importe quel propriété qui doit être mise en cause comme par exemple celle qui repose sur mon travail personnel ou celle dont j’ai l’usage pour moi et ma famille mais la propriété permettant de tirer un revenu pour soi qui est le fruit du travail d’un autre on se trouve ici avec la classique question de la propriété privée ou sociale des moyens de production des conditions matérielles du travail. Les titulaires de la propriété bourgeoise ont beaucoup changé depuis l’époque de Marx et Engels surtout aujourd’hui où la finance et l’apparence qu’elle suscite que un argent fait plus d’argent sans passer par le travail et la production
les inégalités de fortune et de patrimoine sont devenues des plaies géantes et gigantesques
il faut donc voir beaucoup plus large que la propriété des moyens de production et considérer les différentes activités et les moyens de s’enrichir qui existent aujourd’hui alors comment faire pour les grands groupes
[…développé ici .]
Alors pour le dire d’abord en deux mots la visée communiste consiste à abolir la propriété lucrative et à garantir la propriété d’usage
cela se comprend sans la propriété d’usage des outils de travail pas de décision possible sur l’organisation du travail et la décision dans les lieux de travail par celles et ceux qui en ont l’usage c’est-à-dire celles et ceux qui travaillent ce qui conduit à dire qu’on ne pourra plus être propriétaire d’une entreprise dans laquelle on ne travaille pas alors ça supposera l’éviction des actionnaires
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on ne pourra plus être propriétaire d’un parc immobilier ou de quoi que ce soit si on ne l’utilise pas et c’est la différence qu’on peut établir par exemple avec les petites entreprises que j’ai évoquées tout à l’heure celle du petit paysan de l’artisan du commerçant qui relève elle de la propriété d’usage donc vous voyez je le souligne au passage combien nous sommes loin avec ces idées de ce qui s’est fait en URSS au 20e siècle il ne s’agit plus de croire qu’il suffit de supprimer la propriété de la terre et des usines puisque l’expérience nous a montré qu’elle a été remplacée par une propriété publique d’État échappant aux travailleurs et placée dans les mains d’une bureaucratie tout aussi envahissante et aliénante qu’un propriétaire privé et d’une manière générale il ne s’agit plus de croire sortir de la propriété privée en dépossédant tout le monde au nom d’une collectivisation générale il est bien plutôt question de garantir la propriété mais en la ré-accordant à son usage en la bornant à son véritable sens.
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quatrième point la visée du communisme c’est aussi une nouvelle définition du travail lui-même
par exemple l’étudiant va étudiant n’est pas vécu comme accomplissant un travail pourquoi parce qu’il est pas avant sur le marché du travail il ne passe pas par les mains d’un patron il a donc une activité d’étudiant mais qui n’est pas conçu comme un travail bien sûr si travailler ça veut dire lire des livres faire des remplir des pages de d’équation etc oui mais le travail au sens habituel au sens de l’emploi si vous voulez capitaliste on ne l’accordera pas à l’étudiant et d’ailleurs on lui dira oh l’étudiant il travaille pas on peut l’aider par des bourses mais il ne mérite pas un salaire. Et bien si !
De même l’éducation des enfants et la vie de la maisonnée ce que et ce sont souvent les femmes qui accomplissent ces pratiques ne sont pas reconnus comme un travail ces activités n’apparaissent pas sur le marché ne se déroule pas en entreprise ne produisent pas de valeur pour un patron alors on dira qu’est-ce qu’il faut faire bah il faut veiller il faut leur donner des allocations familiales c’est-à-dire faut les faut les soutenir par charité voyez on dira ce sont des allocations qui leur sont versées c’est pas un salaire élever des enfants c’est pas considéré comme un travail puisque ce n’est pas un emploi ..
je prends un autre exemple le chômeur alors par définition le chômeur il est pas actuellement au travail donc on lui versera des indemnités minimales mais pas de salaire
idem pour le malade ou l’accidenté du travail il se soignent hors de l’entreprise et il n’est donc pas conçu comme un travailleur au moment où il est malade
enfin le retraité là il est pas perçu comme un travailleur mais justement comme celui qui est dit ne plus travailler devenir un productif justement comme et donc il ne recevra pas un salaire mais une pension et une pension qu’il faut veiller à diminuer quand c’est trop cher etc donc vous voyez toutes ces subtilités de vocabulaire ce sont les noms et peut-être même que nous les pratiquons couramment mais elles sont présentes mais elles sont pourtant des évidences piégées c’est ça que je c’est ça que je veux dire la visée communiste consiste à ne pas être dupe et à ne à les abandonner comme les vestiges d’un culte qui vise à confondre le travail humain sous tous ces aspects avec le seul travail capitaliste c’est-à-dire l’emploi
vous savez ce que disait Albert Camus : « mal nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde ». alors comment bien nommer les choses
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Être considéré comme un travailleur ou une travailleuse cela doit devenir un droit qui appartient en permanence à chacune et à chacun de l’âge adulte jusqu’à sa mort ce qu’on peut être utile socialement sur toutes ces périodes.
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5e point la visée du communisme c’est une nouvelle conception du salaire
Ce n’est pas seulement de fournir du travail à tout le monde c’est permettre l’établissement de la souveraineté de celles et ceux qui travaillent sur leur travail et sur la place du travail dans la vie sociale dans la société c’est donc la fin de la soumission inscrite dans le contrat de travail qui se fonde sur la propriété lucrative de l’employeur mais le capitalisme c’est pas seulement la propriété lucrative de l’employeur c’est aussi la précarité et l’insécurité qui domine la vie de chacun
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Un salaire communiste c’est un salaire garanti et permanent attaché à la personne réglé sur la qualification qui lui est reconnue actuellement et qui ne peut pas s’interrompre même en cas de changement de poste on retrouve là une idée qui est défendue par le chercheur Bernard Friot, l’idée d’un salaire à vie versé de 18 ans à la mort de l’individu dans la limite d’un plafond tel que par exemple les salaires soient dans un rapport de 1 à 3 la hiérarchie des salaires pourrait ainsi s’inscrire entre un minimum de 1700 euros net et un plafond de 5000 euros net mensuel si c’est pas trois ça peut être 4 cette hiérarchie des salaires allant de 1 à 3 c’est une mesure de justice et une idée très ancienne puisqu’on la trouve déjà chez Platon dans la République
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On va faire passer la qualification de son attachement à un poste de travail à son attachement à la personne du salarié du travailleur ce qui fait que même en cas de suppression du poste et bien le salaire le salarié concerne sa qualification et son salaire
L’institution d’un salaire à la qualification personnelle comme droit politique attaché à toute personne de sa majorité 18 ans à sa mort c’est le projet communiste de l’établissement d’une souveraineté commune sur le travail et c’est la reconnaissance dans chaque personne des droits qui sont liés à la contribution que chacune et chacun peut apporter à la vie sociale
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Cette histoire du salariat telle qu’elle s’est déroulée dans notre pays je vous renvoie au bouquin de Bernard Friot je vous en recommande deux un qui s’appelle un désir de communisme et un plus récent de Bernard Friot et Frédéric Lordon qui s’appelle « En travail, conversation sur le communisme »
Naturellement c’est pas à prendre ou à laisser mais à discuter à débattre
Les déja-là du communisme
Nous ne partons pas de rien
C’est Ambroise Croizat qui en 1946 invente non pas comme on dit souvent la Sécurité Sociale car il existait déjà avant 1945 des caisses de Sécurité d’initiative patronales mais ce que fait croisa c’est de opérer une véritable révolution dans ce qui existait à l’époque il y avait là une foule de caisses patronales et lui il va créer un régime général c’est à dire une caisse unique pour l’ensemble famille santé vieillesse accident du travail maladie professionnelle financée par un taux de cotisation et avec des caisses gérés par les travailleurs eux-mêmes autrement dit vous voyez il s’agit bien ce faisant d’une révolution si par ce mot onentend le passage du pouvoir des mains d’une classe sociale dans les dans celle d’une autre en l’occurrence celle des travailleurs il ne s’agit plus d’une conception bourgeoise puisque on rétribue désormais avec la sécu détend ou au sens capitaliste les personnes ne sont pas dans l’emploi et sont considérés néanmoins comme des travailleurs avec des droits qu’il faut respecter même lorsqu’elles ne « travaillent » pas entre guillemets.
C’est comme ça que pour Croizat les allocations familiales ne sont pas du tout conçues comme des allocations mais comme un salaire pour éduquer et élever ses enfants c’est ainsi que les pensions de retraite sont présentées comme un salaire continué et pas comme une pension venant par charité satisfaire des non-productifs les indemnités de chômage et le remboursement des frais de santé deviennent des droits et un salaire parce que la personne est attachée à elle-même à sa personne il s’agit bien d’un projet visant à garantir la vie de tous le droit au travail pour tous la permanence d’une rétribution tout au long d’une vie et évidemment les efforts des possédants pour briser tout ça n’ont pas tardé. Ça a commencé en 1947 mais ça continue aujourd’hui pour démanteler ça complètement
La même année 46 en octobre le ministre d’État Maurice Thorez invente instaure le statut de la fonction publique le fonctionnaire qui est jusqu’à lors à la merci des puissances ne peut plus être jeté au chômage il n’est pas avant sur le marché il est recruté pour sa qualification et se voit attribuer un grade qui est attaché à sa personne à vie autrement dit c’est à dire qu’on peut pas le lui retirer autrement dit il dispose d’un salaire d’un poste garanti même s’il y a un changement de poste un autre poste de même niveau lui égaranti et il dispose d’un salaire qui ne peut pas varier au gré du patronat ou du ou il peut et sa pension de retraite c’est une continuité de ce salaire donc vous voyez voilà un statut arraché à la précarité du marché et au bon vouloir du patronat et un droit inédit reconnu à des travailleurs dans leur personne même.
Ces droits du statut de la fonction publique seront attribués dans la foulée au régime spéciaux des électriciens et des gaziers Marcel Paul étant au manettes de la nationalisation de EDF et celui des cheminots et de là RATP donc voilà l’invention d’un salaire qui n’a rien à voir avec le salaire en régime capitaliste et qui en contredit la logique on peut donc bien parler d’un salaire communiste
A côté de la fonction publique d’État il y aura dans les années 60 la fonction publique hospitalière et en 1983 la fonction publique des collectivités territoriales avec Anicet Le Pors et bien voilà ce qu’affirme avec force Bernard Friot voilà des conquis qui sont des déjà là communistes cela non pas essentiellement parce qu’ils ont été accomplis par des hommes et des ministres qui étaient membres du parti communiste mais parce qu’il s’inscrivait explicitement dans une sortie de la logique capitaliste parce qu’ils font avancer une logique communiste et parce qu’ils ont été imposés par des luttes sociales intenses qui ont permis de les reprendre au niveau de l’État et de leur donner force de loi pour en faire des institutions alors j’insiste sur ce point il est très important de remarquer que l’État n’a fait que conclure ce que ce mouvement social avait imposé et rendu possible au terme de longue lutte et cela ne s’est pas fait en un jour sans douleur
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Ils sont insupportables au patronat et à ses fondés de pouvoir contemporains gouvernementaux ce n’est évidemment pas un hasard s’il les attaquent et s’y opposent farouchement d’ailleurs regardez on a partout semé l’idée qu’un jeune doit désormais prendre l’habitude et trouver normal de devoir commencer sa carrière par la précarité par les stages par les CDD etc et si l’on passe à l’autre extrémité de la vie alors on veut casser les retraites parce qu’elle « coûte trop cher » Entre les deux c’est le code du travail et les droits qu’il garantit qui sont piétinés
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Plus que jamais parlons, discutons, battons nous avec en tête cette visée du communisme telle qu’on peut la penser aujourd’hui et avec cette idée des déjà là du communisme qu’il s’agit de solidifier et de généraliser et cela de façon à ce que l’on perçoivent bien que le communisme porte en lui l’idée d’une nouvelle civilisation d’un passage de l’humanité de sa préhistoire à son histoire, je reprends la formule de Marx
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Il y a pas tout à inventer, le communisme ça consiste pas à proposer un saut dans l’inconnu puisqu’il y a du déjà la communiste que chacune et chacun connaît et apprécie et qu’il s’agit de le faire connaître pour le généraliser mais cela veut bien dire qu’il faut dans notre discours nommer ce que nous voulons, le communisme, sans considérer que c’est un gros mot et qu’il vaut mieux le taire parce que c’est nocif électoralement parlant c’est un combat qui ne nous met pas à l’écart qui ne nous isole pas mais qui au contraire nous rattache à une histoire tout en y insufflant de grandes nouveautés et il s’adresse à la société dans son ensemble ce qui donne il donne une nouvelle idée de l’humanité elle-même et cela de façon inédite
Le plan du livre
Sortir du capitalisme. Actualité et urgence du communisme (Bernard Vasseur, édition de L’Humanité)
Introduction
Chapitre 1
- Inventer et construire une sortie du capitalisme
- Nous sommes entrés dans un nouveau monde très dangereux
- La pandémie qui frappe toujours le monde entier
- La crise écologique qui s’aggrave
- La vie que le capitalisme impose aujourd’hui décivilise et menace l’humanité
Chapitre 2
- Concevoir le communisme de notre temps
- Passer de la préhistoire à l’histoire de l’humanité
- Le poids de l’histoire et la croix du présent
- Socialisme ou communisme ?
- Réinstaller le communisme sur la scène de l’histoire
- Misère de « l’étapisme »
- Penser avec Marx contre le « marxisme militant »
- L’étapisme en France, ou comment se taire sur le communisme ?
- La conscience du contre ne suffit pas à donner la conscience du pour
- Non ! Le communisme n’est pas un paradis !
- Le communisme ne parle pas qu’à la « classe ouvrière »
- Redécouvrir Marx aujourd’hui
- Le communisme fait le plein chez les libraires
- Ne plus attendre le communisme comme on attend Godot
- Il y a du communisme déjà-là
Chapitre 3
- La Visée communiste
- « Les hommes font leur propre histoire » Marx
- « L’homme n’est pas un empire dans un empire » Spinoza
- L’unité dans l’égalité du genre humain
- Liberté-égalité-fraternité : du slogan au réel
- La visée communiste : un processus multiple de désaliénation
- Suivons par l’imagination la vie d’un jeune de banlieue
- Aliénation et émancipation
- L’Accumulation du capital et sa naturalisation : la saga bourgeoise et édifiante de l’emploi et de l’employeur
- Établir la souveraineté des travailleuses et des travailleurs sur le travail
- Une conception nouvelle des rapports entre les humains
- Une nouvelle définition de la valeur
- Une nouvelle conception de la propriété
- Une nouvelle définition du travail
- Une nouvelle conception du salaire : le salaire communiste
- La puissance du salariat
- Il y a des déjà-là du communisme qu’il faut généraliser
- L’État et l’exercice de la politique dans la visée du communisme
- Le pouvoir politique est lion et renard
- Ce qui ne va pas : quand citoyen veut dire apolitique
- « On ne peut aller au communisme que par le communisme » Bernard Friot
Un article de Jean-Paul Jouary à propos de ce livre
Comment ne pas retarder sur l’avenir !
Essai Le nouveau livre du philosophe Bernard Vasseur, paru aux éditions de l’Humanité, concentre de façon limpide les urgences politiques et théoriques du moment.
Il faut bien de l’audace pour placer dans un titre les deux gros mots de l’époque : capitalisme et communisme. Dans ce livre, Bernard Vasseur a osé appeler les choses par leur nom, tant il est vrai, selon les mots d’Albert Camus, que « mal nommer les choses c’est ajouter aux malheurs du monde ». Et ces malheurs sont immenses et menaçants. L’auteur récapitule tous les dangers qui planent sur notre monde. Menaces de guerre, plus que jamais, et pas seulement en Ukraine, et y compris nucléaire. Dominations et pillages, déstabilisations dans la nature, avec la multiplication de pandémies en provenance du monde animal, déforestations aux conséquences dramatiques, réchauffement climatique, densifications urbaines, lourdes conséquences de l’éloignement des lieux de production et de consommation.
une pensée et une action collective transformatrices du présent
Crise écologique aux effets massifs et dont la responsabilité incombe non à l’homme en général mais à un système qui sacrifie tout sur l’autel du profit. Inégalités abyssales qui ont par exemple pour effet une augmentation en France de la mortalité infantile, tout en réservant aux personnes âgées des Ehpad le sort que l’on sait. Pendant ce temps, 1 % de la population mondiale possède 50 % de la richesse disponible. Il devient urgent de sortir de ce capitalisme. C’est là que commence le problème le plus difficile. L’auteur explique pourquoi dénoncer le capitalisme, devenu une sorte de religion, se plaindre, manifester sa colère, cela ne peut suffire. Encore faut-il savoir ce que l’on vise, non pas comme un modèle à réaliser demain, mais comme une pensée et une action collective transformatrices du présent. Et c’est là que surgit l’autre gros mot du titre du livre : ce processus, c’est le communisme. Mais celui-ci, depuis Staline et jusqu’aux années 1980, a été conçu comme un idéal à réaliser. Et comme cela paraissait à juste titre inaccessible à court terme, on en est venu à agir pour des étapes intermédiaires, le « socialisme » censé régner en Union soviétique, et dans un pays comme la France, pour une étape préalable du « programme commun » ouvrant la voie à ce « socialisme ».
Cet « étapisme » a donc permis de ne jamais parler du « communisme », puisque celui-ci n’était pas à l’ordre du jour, alors même que c’était le nom du parti qui s’en réclamait le plus fort. Alors, on se contenta de « se muscler dans l’anti », ce qui ne pouvait faire office ni de théorie ni de stratégie. C’est ainsi que l’on rejeta dans l’avenir ce qui pourtant s’imposait dans le présent. C’est ce que Bernard Vasseur appelle le « déjà-là » du communisme. Ce « déjà-là » est le fruit de mille luttes sociales et fait vivre à l’intérieur même du capitalisme des réalités qui en contredisent la logique, réalités sans cesse remises en question par les forces du capital. Comment faire vivre le processus communiste si l’on ne le perçoit pas dans ses manifestations présentes ? Le philosophe en dresse petite liste de celles qui, en France, structurent la vie de tous les citoyens et extraient plus de 17 millions de personnes du rapport purement capitaliste du salariat.
un « mouvement réel qui dépasse l’état des choses actuel »
Il s’agit par exemple du régime général de la Sécurité sociale – qui concerne la famille, la santé, les accidents du travail, les maladies professionnelles –, le statut de la fonction publique nationale et territoriale – qui exclut le chômage –, les statuts d’EDF-GDF, des cheminots, de la RATP (tant attaqués de nos jours), etc. Tout cela s’arrache à la conception capitaliste du salaire et du marché du travail. Ce « déjà-là » du communisme n’a rien d’abstrait ou d’utopique en France, mais reste inimaginable dans l’essentiel des autres pays. Seule une conception modélisée du communisme a pu rendre aveugle sur ses réalités présentes.
Pourtant, depuis des décennies, les livres n’ont pas manqué qui invitaient à l’éclairer, à partir de ce que Marx affirmait déjà dans toute son œuvre. Car Marx a toujours refusé de voir dans le communisme un idéal, un modèle à réaliser, une société déjà définie à bâtir, et lui opposait une tout autre définition : un « mouvement réel qui dépasse l’état des choses actuel ». Le communisme se conjugue toujours au présent, et c’est sa seule façon de créer de l’avenir. Il concerne chaque individu, parce que son épanouissement en constitue la base. Avant de concerner l’argent, il concerne le travail en général, et pas seulement ouvrier.
Ce livre de Bernard Vasseur se réfère à Marx, mais aussi à Kant, Camus ou Aragon. Il est une œuvre théorique, mais rédigée de façon si accessible qu’il s’adresse à tous. Il évoque la théorie, la stratégie politique, mais il ne s’éloigne jamais du concret quotidien, comme dans la reconstitution de la vie d’un jeune de milieu défavorisé, qui doit sans cesse choisir entre deux contraintes, deux oppressions, deux dépendances. Tout le communisme réside dans un effort pour libérer et désaliéner les êtres humains dans cette situation. Repenser ainsi le communisme est urgent, si l’on ne veut pas, selon les mots de Predrag Marvejenic, se condamner à un « retard d’avenir ».