Le sommet de l’OTAN qui vient de se tenir à Madrid suscite une immense indignation après les concessions indignes octroyées à la Turquie lors de sordides chantages dont Ankara est coutumière. Chacun garde en mémoire les surenchères sur les migrants et le blocage des négociations sur l’acheminement du blé ukrainien en mer Noire.
Cette fois-ci, afin d’obtenir la levée du veto turc à l’entrée de la Suède et de la Finlande dans l’OTAN, R.T. Erdogan a obtenu l’engagement de Stockholm et d’Helsinki d’extrader des démocrates, notamment Kurdes, qualifiés de « terroristes ». Le tyran d’Ankara a pris l’habitude de qualifier de « terroristes » tous ceux qui rejettent sa violence despotique et ils demeurent des dirigeants européens pour entretenir cette fiction.
R.T. Erdogan s’est empressé de fournir des listes nominatives reflétant l’intense activité de surveillance des services secrets turcs en Europe qui n’hésitent pas à abattre sur notre continent des militants kurdes comme cela a été le cas en 2013 à Paris.
Cela témoigne du mépris de l’OTAN pour le droit des peuples et plus particulièrement pour les Kurdes qui ont été nos alliés dans la lutte contre l’État Islamique. L’arrogance des dirigeants turcs leur a permis par ailleurs d’obtenir de la part de la Suède et de la Finlande l’arrêt du soutien au PYD et à ses unités combattantes (YPG) que tous encensaient il y a peu pour leur courage et leur sacrifice contre les organisations djihadistes syriennes soutenues par la Turquie.
Mais à côté de ces renoncements officiels, il y a des redditions plus officieuses. A la suite de l’invasion par Ankara du nord de la Syrie, la Finlande et la Suède avaient décrété un embargo sur les ventes d’armes. Celui-ci a été levé. De plus, R.T. Erdogan fulmine face au refus américain de lui livrer des avions de combat (F16) afin de moderniser sa flotte vieillissante. Un entretien a eu lieu avec J. Biden dans lequel cette question a été évoquée.
A n’en pas douter, R.T. Erdogan se servira de cet armement pour accroître son influence régionale déstabilisatrice en Méditerranée orientale, à Chypre, en Grèce, en Libye, en Syrie, en Irak et dans le Haut-Karabagh.
Par ailleurs, depuis plusieurs semaines, R.T. Erdogan piétine d’impatience pour envahir les territoires kurdes du nord de la Syrie afin de mettre un terme à l’expérience de l’autonomie démocratique et d’annexer de nouveaux territoires. Après l’approbation de Moscou, R.T. Erdogan est venu négocier l’assentiment de l’OTAN pour une nouvelle intervention armée permettant à Ankara et à ses supplétifs djihadistes de prendre leur revanche sur les Kurdes. Alors que l’Europe a les yeux tournés vers l’Ukraine, R.T. Erdogan entend saisir cette opportunité pour commettre de nouveaux crimes dans le silence médiatique.
La Turquie tire à nouveau profit de la crise internationale et de l’invasion criminelle russe de l’Ukraine. Cependant, les dirigeants de l’OTAN, trop heureux de la voir conforter sa présence au sein du commandement militaire, qu’elle n’a d’ailleurs jamais quitté, sont prêts à tous les reniements.
Cette nouvelle ignominie de l’OTAN est un calcul à courte vue et aura de profondes répercussions source de souffrances pour les peuples. Le nord de la Syrie sera déstabilisé favorisant le retour de Daesh, des millions de personnes prendront la voie de l’exil alors qu’un régime de terreur turco-djihadiste s’imposera dans ces territoires. La Turquie saura en tirer tous les avantages en recyclant les combattants djihadistes actuellement détenus par les Forces Démocratiques Syriennes (FDS) dans de nouvelles opérations militaires provocatrices comme elle l’a fait en Libye ou dans le Haut Karabagh où elle entend finir sa sale besogne guerrière.
La France d’E. Macron reste dramatiquement silencieuse comme les autres capitales européennes. L’Union Européenne doit faire entendre sa voix pour s’opposer à toute velléité de nouvelles invasions turques.
Le Parti communiste français (PCF) condamne ces capitulations et exprime sa solidarité avec les forces démocratiques turques et du Nord de la Syrie. Il appelle à la mobilisation pour que cesse la loi des armes dans la région et pour le respect du droit des Kurdes à choisir et bâtir librement leur destin.
Pour cela, la France doit s’émanciper de ces marchandages de l’OTAN, qui prolonge partout les logiques de guerre éculées et condamner les réunions de clubs oligarchiques qui scellent l’existence d’un peuple admirable par son courage sur l’autel d’abjects intérêts.
Parti communiste français,
Paris, le 7 juillet 2022