Comment sortir de la crise politique ?
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Crise : l’heure est à la reprise en main de leviers de commande avec et pour le monde du travail.
La période que nous vivons semble réunir tous les traits d’une crise mais y répondre implique de mesurer qu’il ne s’agit en aucun cas d’un orage tout soudain déchaîné dans un ciel serein. Pèse, bien sûr, l’accumulation de toutes les brutalités antidémocratiques de sept ans de macronisme, des gilets jaunes à la « réforme » des retraites, de l’ISF supprimé aux services publics anémiés… Sept ans d’une politique très dure accompagnée par un mépris profond qu’aucun communicant n’aura réussi à rendre imperceptible.
Pourtant, il faut se rappeler que le macronisme lui-même est un fruit de la crise qui touche notre pays en profondeur. Plus précisément, c’est une tentative de sortie de crise que notre peuple – une partie substantielle de notre peuple, du moins – a voulu expérimenter face à des alternances PS-UMP (pour aller vite) désespérantes par leur incapacité à changer la vie.
La situation est donc plus critique encore qu’elle ne l’était il y a sept ans : ce qui pouvait apparaître comme une réponse a été éprouvé comme une impasse.
Encore s’en tient-on ici au strict plan politique, lequel ne peut pourtant être délié d’un contexte économique, social et géopolitique chaque jour plus lourd. Dès lors, envisager de sortir de la crise présente implique tout autre chose qu’un tour de passe-passe médiocre, une réponse sagement pensée dans les bornes de cette Ve République qui tient à bonne distance du pouvoir le peuple.
Sortir de la crise politique, c’est répondre aux grands défis auxquels notre pays se trouve confronté. C’est affronter le capitalisme, ses apories et ses convulsions ; c’est se donner les moyens de pareilles ambitions. C’est, il faut le regarder en face, conjurer la marche triomphale de ce qui se propose comme la prochaine piste crédible de sortie de crise après l’échec du macronisme, à savoir l’extrême droite.
On ne peut toutefois penser trop abstraitement. Des problèmes sont posés, des stratégies sont déployées : nul n’avance en terrain vierge, figé. Tenons-nous-en ici à quelques exemples seulement. Objectivement, l’heure est à faire des choix d’ampleur. Si on veut répondre aux impératifs écologiques, si on veut stopper le dépeçage industriel de notre pays, si on veut répondre aux besoins, ce sont des milliards et des milliards qu’il va falloir chercher et prendre à des acteurs économiques qui n’ont aucune envie de les abandonner à d’autres. Ce sont des leviers de commande qui doivent changer de main.
Sur le plan des consciences, des années de batailles sociales perdues et d’options politiques tentées en vain ont nourri un défaitisme puissant. Les grilles de lecture ethniques sans cesse martelées contribuent en outre à ériger des barrières au sein d’un salariat qui perçoit trop peu son unité fondamentale et l’identité de ses intérêts. Répondre vraiment à la crise politique appelle au moins à affronter cela : aider à donner confiance et perspectives à un monde du travail conscient de lui-même et des enjeux de notre temps.
Guillaume Roubaud-Quashie
Crise de la démocratie, crise du capitalisme,, crise sociale
et un élément de reflexion supplémentaire :