Face au « bloc du capital » le Nouveau Front Populaire est clairement la seule alternative

« Nous sommes la seule opposition à la casse sociale » :
après la nomination de Barnier, le NFP doit « tenir bon »

Snobé par le président de la République pour Matignon, le Nouveau Front populaire entend s’imposer comme la principale alternative à un bloc bourgeois s’étendant de Macron à Le Pen.
Politique 
5min
Publié le 9 septembre 2024
Florent LE DU
 
 
 
 
 
 
Au meeting du NFP lors des universités d’été du PS, à Blois, Eric Coquerel (LFI) salue Lucie Castets, entourée de Léon Desfontaines (PCF), Olivier Faure (PS) et Marine Tondelier (Les Ecologistes) le 30 août 2024.
© Frederic Petry / Hans Lucas via AFP
En juin, Emmanuel Macron vendait sa dissolution comme un accélérateur de « clarification » politique. C’est finalement lui, trois mois plus tard, qui l’a réalisée en refusant de nommer une personnalité de gauche à Matignon, lui préférant un élu LR adoubé par l’extrême droite. Pour mieux signifier l’emprise du RN sur cette coalition qui ne dit pas son nom, son président Jordan Bardella a même annoncé, ce week-end, placer Michel Barnier « sous surveillance démocratique ».

La clarification d’Emmanuel Macron pourrait donc aboutir à un système politique proche de celui d’avant 2017, avec un clivage droite-gauche net, à la différence près que le cordon sanitaire entre la droite et son extrême s’estompe… « Désormais, les choses sont claires : nous sommes la seule opposition à la politique de casse sociale qui va être menée par Michel Barnier et son futur gouvernement puisque tous les autres le soutiennent ou l’ont adoubé, estime le sénateur PCF Ian Brossat. La droite et le RN devront être tenus pour responsables des politiques menées par le futur gouvernement. »

Vers un NFP « transformé » ?
Cyniquement, et à condition de limiter les dégâts dans les mois à venir, ce nouveau bloc bourgeois peut-il devenir à terme une aubaine pour la gauche ? « Le sujet est trop grave pour se réjouir de ce cartel des droites. Mais c’est une clarification qui montre que nous sommes la seule alternative à la politique menée depuis au moins sept ans », reconnaît le député Génération.s Benjamin Lucas, qui siège dans le groupe écologiste et social.

Déjà, à gauche, les prochaines échéances électorales, possiblement dans moins d’un an en cas de nouvelle dissolution, sont dans les têtes. Plusieurs cadres parlent ainsi de « campagne permanente » avec la nécessité de convaincre sans cesse de nouveaux électeurs, en plus de pérenniser le rassemblement entre partis. « Nous devons tenir bon et ne pas céder à une forme de désespérance, estime Ian Brossat. N’oublions pas que si nous n’avions pas construit le NFP, Bardella serait à Matignon. »

« Le NFP a créé un espoir et celui-ci ne doit pas se dissiper. C’est un devoir vis-à-vis de nos électeurs de continuer à travailler ensemble », abonde le député FI Éric Coquerel. Y compris avec le PS dans son ensemble, alors que le parti semble se diviser en deux, notamment autour d’une alliance avec la France insoumise ? « Si nous parlons du PS qui est sur la ligne Olivier Faure, oui. C’est ce parti avec lequel nous discutons, le reste ne nous concerne pas réellement. Même si nous voyons bien que certains ont tendance à marquer contre leur camp. »

Dépasser le stade de la coalition d’appareils
Reste que, pour tenir bon face au gouvernement Barnier avant d’aller chercher les 90 sièges qui lui manquent pour atteindre la majorité absolue, le NFP pourrait évoluer. C’est en tout cas ce que souhaitent certaines personnalités échaudées par l’éclatement passé de la Nupes. « Il nous faut dépasser le stade de la coalition d’appareils, avance Benjamin Lucas. Transformer le NFP pour qu’il soit aussi un outil démocratique, organisé sur les territoires, permettant de construire une politique commune, ce que nous n’avons pas réussi à faire avec la Nupes. »

« Il y a des enjeux de structuration à l’échelle locale. On a vu dans les manifestations, samedi dernier, qu’il y a une demande que le NFP persiste, comme représentation de la gauche unie mais aussi d’un outil qui dépasse les partis. C’est un enjeu particulièrement important pour le PS », ajoute le député socialiste Arthur Delaporte.

Au sein de chaque formation, la question se pose également de trouver une organisation dans laquelle chacun garde le même objectif commun. À tel point que Clémentine Autain, qui a quitté la FI en juin, souhaite « structurer de bas en haut » le NFP, notamment pour réfléchir à une méthode de désignation du candidat à la présidentielle de 2027. « Lucie Castets est pour l’instant l’incarnation que le Nouveau Front populaire existe et est possible. Elle a un rôle à jouer », précise-t-elle également.

Les députés NFP font le serment, au moins aujourd’hui, de travailler de manière étroite à l’Assemblée nationale dont les travaux dans l’Hémicycle reprendront au plus tard le 1er octobre. Dans l’opposition, le NFP espère peser davantage que la Nupes lors de la législature précédente. Et ce dès le vote crucial du budget. « Ce sera une bataille parlementaire extrêmement importante, qui peut se terminer par une motion de censure, présente Éric Coquerel, président de la commission des Finances. Il nous faudra donc montrer qu’une alternative existe avec un gouvernement Lucie Castets, montrer notre crédibilité à exercer le pouvoir. Cela passe par faire voter un maximum d’amendements. » Seul contre un bloc des droites en formation, le NFP entend s’imposer comme unique option pour changer de politique.

par Florent Le Du, dans l’Hmanité du 10/09/24


Un grand espoir : énormément de jeunes aux divers rassemblements du 7 septembre
contre le coup de force de Macron

Lu dans la revue Regarts ;

La désignation de Michel Barnier reconfigure le paysage politique. La France est divisée en trois blocs mais celui de gauche est désormais le seul opposant à la coalition Macronie-LR qui se prépare et que le RN ne va pas censurer.

Après avoir refusé de nommer un Premier ministre sur proposition du Nouveau Front populaire – malgré son arrivée en tête lors du scrutin législatif –, Emmanuel Macron a décidé de donner sa chance à un cadre Les Républicains. Chacun sait désormais que Michel Barnier n’est à Matignon que grâce à la bienveillance de Marine Le Pen qui a donné son aval au Président. La patronne de l’extrême droite dément un deal mais pas l’échange avec Emmanuel Macron. Ce faisant, la Macronie s’ancre définitivement à droite et choisit de se mettre sous la pression du Rassemblement national.

Ajout personnel :

Depuis toujours quand le capitalisme se sent en danger il fait appel à son allié l’extrème droite.
Dans les années 30 le grand patronat disait ; « plutôt Hitler que le Front Populaire »

Les gens qui ont voté RN « pour améliorer leur sort » vont peut être comprendre qu’ils faisaient fausse route..

Lucie Castets : « Michel Barnier, c’est lapoursuite de la politique de Macron,voire pire »
La candidate à la primature du Nouveau Frontpopulaire réagit à la nomination du premier ministrede droite. L’ancienne directrice des finances de laville de Paris détaille comment elle va incarnerl’alternative de gauche et espère consolider l’alliance.
Mathieu Dejean

5 septembre 2024 à 15h58
Alors qu’Emmanuel Macron vient de nommer Michel Barnier à Matignon, Lucie Castetsexplique pourquoi le Nouveau Front populaire (NFP)s’apprête à le censurer. L’ancienne directrice des finances de la ville de Paris, dont le nom
a été proposée par lacoalition de gauche et écologiste le 23 juillet, a mis unterme à ses fonctions pour se consacrer pleinement à sonrôle de candidate à la primature.
Elle annonce à Mediapart qu’elle ne sera pas dans une
« position d’attente »
dans les prochains mois :
« Il fautparler aux Français. Je quitte mes fonctions à la mairie deParis, je vais essayer de prolonger l’élan »
, déclare-t-elle,anticipant le fait que le NFP pourrait être appelé àgouverner
« après la censure ou en 2027 »
.
Mediapart :
Emmanuel Macron vient de nommerMichel Barnier à Matignon, un ancien ministre deJacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, membre duparti Les Républicains (LR), qui a fait environ 6 % desvoix aux législatives. Comment réagissez-vous ?
Lucie Castets :
C’est une décision qui va à rebours de lalogique de nos institutions. Il est très problématiquequ’Emmanuel Macron ait pris autant de temps pourarriver à cet aboutissement, qui s’explique trèsdifficilement au regard du résultat des législatives. Je nevois pas comment nos concitoyens le comprendraientdavantage que moi.
Emmanuel Macron a semblé laisser le Rassemblementnational (RN) jouer un rôle d’arbitre. C’est trèsdélétère, alors que les Français ont dit vouloir tournerle dos à l’extrême droite et à son programme auxlégislatives anticipées.
Je ne vois pas dans quelle mesure Michel Barnier pourraitmettre en place des améliorations significatives de la viedes Français dans une telle configuration. Je ne sais pasquelle est la nature des discussions qu’il a eues avec leprésident de la République et les autres groupespolitiques, mais ça n’augure rien de bon. Je suis trèsinquiète, à la fois sur le fond et sur la forme. Le messagedémocratique envoyé est très mauvais.
Est-ce que le NFP doit le censurer a priori ou attendrede connaître sa feuille de route ?
Nous allons réagir tous ensemble, mais tout indique quesa politique sera la poursuite de celle d’EmmanuelMacron. Voire pire : qu’il a fait des concessions
a priori vis-à-vis du RN.
Ne regrettez-vous pas l’hypothèseBernard Cazeneuve ?
La question n’est pas celle du nom, mais celle duprogramme et des marges de manoeuvre d’un premierministre pour s’écarter des politiques menées parEmmanuel Macron depuis sept ans, et
a fortiori de ce quepropose le RN. En l’occurrence, les ingrédients sontréunis pour que la politique du président soit poursuivie, voire qu’elle s’approprie davantage les grands marqueursdu RN.
Michel Barnier a voté contre la dépénalisation del’homosexualité en 1981. Pour vous qui êtes cibléepour votre orientation sexuelle depuis que vousl’avez révélée, est-ce un choc ? Un symptôme de ladroitisation d’Emmanuel Macron ?
Je ne sais pas si nous avions besoin d’un nouveausymptôme de sa droitisation. J’y vois un signal négatifpour toutes les personnes qui subissent ce type dediscriminations. Et plus largement un signal de son
06/09/2024 09:40 Lucie Castets : « Michel Barnier, c’est la poursuite de la politique de Macron, voire pire » | Mediapart
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absence d’efforts en faveur du renouvellement politique.Michel Barnier, non seulement ce ne sont pas des idéesneuves, mais ce sont des idées réactionnaires.
Après votre rendez-vous avec Emmanuel Macron le 23août,
vous pensiez
qu’il avait entendu qu’unchangement de cap politique était nécessaire. Avez-vous vraiment cru que ce président qui mène despolitiques libérales depuis sept ans allait permettre àla gauche d’accéder au pouvoir ?
Je ne pouvais pas, en sortant de l’Élysée, ne pasretranscrire le message qu’on avait entendu d’EmmanuelMacron, et c’était celui-là. Comme il parlait beaucoup de
« stabilité »
, nous lui avons demandé ce qu’il entendaitpar là – nous ne savions pas alors quelle force auraitce terme. Il a dit :
« J’ai bien compris que les gensattendent autre chose, qu’ils veulent un changement deligne politique. »
«
Emmanuel Macron craignait que je détricote cequ’il a fait. Mais ça, ça s’appelle la démocratie. »
Cela me semblait assez inattendu de la part du présidentde la République et je crois savoir que c’est quelqu’un quicontrôle ses propos. Je ne dis pas que je suis surprise,mais j’essaye d’être une interlocutrice de bonne foi et j’aichoisi de retranscrire ce qu’il m’avait dit dans cet étatd’esprit. Néanmoins, il était extrêmement clair aumoment de cette consultation qu’il voulait à la fois jouerle président, le premier ministre et le chef de parti. Jevoyais bien qu’il entendait maintenir sa politique etcomposer son propre gouvernement.
On sait désormais que la
« stabilité institutionnelle »
n’était qu’un prétexte pour écarter la gauche du pouvoir.Il craignait que je détricote ce qu’il a fait. Mais ça, ças’appelle la démocratie.
Pour mettre toutes les chances de gouverner de votrecôté, ne fallait-il pas faire des concessions surle programme du NFP, pour trouver un accordde non-censure avec les autres groupes àl’Assemblée nationale ?
Je pense que le président de la République et son campsont de très mauvaise foi, là encore, quand ils véhiculentl’idée selon laquelle nous avons toujours dit : « Leprogramme, rien que le programme, tout leprogramme. » Ce n’est pas ce que j’ai défendu. J’ai dit quenous voulions « rompre avec la logique d’un camp contreun autre »
.
Nous voulions montrer que nous respectionsle travail transpartisan. Mais personne n’a voulu voir ça.Ce n’est pas que ça a échappé à Emmanuel Macron : il neveut simplement pas qu’on gouverne, il ne veut pas qu’onchange la vie des gens.
Par ailleurs, le format des consultations telles qu’il les aorganisées a conduit à figer l’ensemble des participantsdans leur positionnement. Il n’est pas possible dans untel contexte de construire des accords sur certains textes.
Il aurait dû suivre la logique institutionnelle et désignerune première ministre du camp arrivé en tête desélections. La charge me serait revenue de construire desaccords et si je n’y étais pas parvenue, je serais tombée.C’est ça, le jeu démocratique. Mais on ne nous a pas laissénotre chance. Quand je discute avec Charles de Courson,d’autres membres du groupe Liot [Libertés, indépendants,outre-mer et territoires – ndlr]
ou même du MoDem, onarrive à se mettre d’accord, y compris sur des recettesfiscales nouvelles que le président de la Républiquea rejetées.
Lesquelles ?
Par exemple, une augmentation de la taxe sur lestransactions financières. On aurait pu avoir une majoritédessus. Ensuite, il y a une question de curseur. Le Smic à1 600 euros, c’est l’objectif du NFP. Mais les modalités etle phasage se discutent. Or, on ne nous a laissé aucunechance. Emmanuel Macron ne veut pas qu’on change sapolitique. Il parle maintenant d’une coalition qu’ilsouhaite créer, mais c’est totalement chimérique.
Si par miracle il parvenait à réunir l’ensemble despartenaires qu’il continue à recevoir hors NFP – le bloccentral et le bloc de droite –, il aurait encore 335 députéscontre lui. De quoi parle-t-on ? La coalition n’existe pasplus de son côté. On demande des comptes au NouveauFront populaire, mais les autres ne sont pas davantage enmesure de les rendre.
Aviez-vous anticipé que certains points duprogramme du NFP – Smic à 1 600 euros etrétablissement de l’impôt sur la fortune –allaient être clivants, que vous alliez devoir fairedes concessions ? 06/09/2024 09:40 Lucie Castets : « Michel Barnier, c’est la poursuite de la politique de Macron, voire pire » | Mediapart
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Nous n’avons pas raisonné dans ce sens-là. On s’estplutôt demandé quelles premières mesures nous allionsporter, celles qui auraient un sens très profond pour lesFrançais et qui seraient susceptibles de créer duconsensus. Je pense à la réforme des retraites. On nousdit que c’est un « totem », mais en réalité, c’est le totemdu président de la République : c’est lui qui s’est acharnéenvers et contre tout à faire passer cette réforme.
«
Emmanuel Macron était disposé à donner lesclés d’un gouvernement sans majorité absolue àJordan Bardella, ce qu’il refuse aujourd’hui à lagauche. »
Les sujets de services publics sont aussi très consensuelsquand on s’adresse à la population. Pour peu qu’on arriveà dépasser nos clivages partisans, on peut donc parvenirà des accords. Les députés ont aussi des comptes à rendreà leurs électeurs.
Si le NFP réplique par la censure du nouveaugouvernement, le Rassemblement national (RN) auraun droit de vie ou de mort sur ce dernier. N’est-ce pasprendre le risque d’accorder énormément de pouvoirà l’extrême droite ?
Ce n’est pas le NFP qui lui accorde autant de pouvoir,c’est le résultat des élections. Je ne peux pas répondreautre chose. Il y a trois blocs à l’Assemblée nationale,nous en sommes conscients. Mais le Nouveau Frontpopulaire censurera un nouveau gouvernement, quelqu’il soit, s’il considère que la politique qu’il mène estinjuste et ne répond pas aux besoins des Français.
Avec ses 126 députés, le RN aura néanmoins un poidsdéterminant et son institutionnalisation ne va faireque s’accentuer…
C’est une source de préoccupation majeure pour moi etça devrait l’être pour le président de la République. Maisce qu’il est en train de faire, en bloquant la vie politiquede notre pays, donne l’impression aux gens qu’ils votentpour rien. Je note qu’Emmanuel Macron était disposé àdonner les clés d’un gouvernement sans majorité absolueà Jordan Bardella, ce qu’il refuse aujourd’hui à la gauche.
Le président de la République joue donc un rôle majeurdans l’institutionnalisation du RN et il le fait de manièrecynique. Je suis sincèrement effrayée pour notre pays. Lessorties du parti de Marine Le Pen sur les binationauxnous rappellent que nous n’avons pas affaire à uneextrême droite policée, mais à une extrême droite prête àfracturer le pays et à trier nos concitoyens.
Toute poursuite de la politique menée depuis sept ans,même avec quelques atténuations de façade, donnera unboulevard au RN qui pourra dire : « La prochaine fois,choisissez une vraie alternance. » Mon espoir était que leNFP puisse incarner une alternance politique. Leprésident de la République a fait le lit du RN, car lapolitique qu’il est en train de conduire, prétendumentau-dessus du clivage droite/gauche, ne prend pas encompte la vie des gens.
En matière économique, Emmanuel Macron diffusetoujours l’idée qu’une seule politique – la sienne –est possible, et qu’il s’agit d’une affaire d’experts…
C’est fascinant, alors qu’il n’y a pas plus politique quel’économie. Il y a malheureusement une hégémonieculturelle et intellectuelle de la droite sur la questionéconomique – on le voit au traitement médiatique de cessujets. On fait toujours un procès en irresponsabilité à lagauche sur la politique économique, alors que c’est leprésident de la République qui a fait exploser la dette.C’est lui qui a conduit à la procédure bruxelloise pourdéficit excessif contre la France. Mais c’est encore nousqui sommes des dingos ?
On est loin de parvenir à renverser le stigmate et c’est undes combats qu’il nous faut mener dans les années àvenir. Le Medef dit être soulagé que le NFP ne gouvernepas, mais les entreprises ont besoin de services publicsqui fonctionnent. Il y a beaucoup de choses qui sontpassées sous silence pour des raisons de dogme.
Le RN va tenter d’obtenir des contreparties dugouvernement en échange de son abstention sur lamotion de censure. Craignez-vous les concessionsque les macronistes seraient prêts à lui faire ?
Bien sûr. On a vu qu’ils avaient cédé sur la loiimmigration. Emmanuel Macron et Gérald Darmanin secroient fins stratèges parce qu’ils pensent répondre à despréoccupations des Français sur l’immigration et lasécurité, mais ils permettent au RN de revendiquer unegrande victoire idéologique. Et ça fait boule de neige. Lefait que Macron semblait prêt à donner les clés de
06/09/2024 09:40 Lucie Castets : « Michel Barnier, c’est la poursuite de la politique de Macron, voire pire » | Mediapart
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Matignon à Bardella me laisse penser qu’il sera bienplus prompt à faire des compromis avec le RN qu’avecla gauche.
Le peuple de gauche a vécu par alternance desmoments de désespoir et de soulagement vis-à-visdes partis de gauche. On sait les difficultés qu’ils ontà s’unir. Pouvez-vous garantir que la stabilité du NFPest acquise ?
Il y a du travail pour que cette stabilité soit maintenue. Ilsera nécessaire de s’appuyer de nouveau sur la sociétécivile, sur les forces syndicales, les collectifs, lesassociations. Cela contribuera à nous tenir ensemble.C’est un travail qui ne s’arrête jamais. La longévité duNFP jusque-là n’était pas acquise. On a été nombreux àcraindre sa dislocation au lendemain des élections.
«
J’irai surtout là où les gens votent RN. Ce seraprobablement assez désagréable, mais si on nereste qu’entre nous, on ne risque pas d’élargir lesocle électoral de la gauche. »
J’ai cru comprendre que si j’avais refusé d’être candidateà Matignon, il n’existerait plus. Je ferai tout pour qu’ilperdure parce que c’est ce qu’attendent les militants – cequi est intéressant –, mais aussi et surtout les électeursqui ne se sentent pas représentés par un parti. C’est unemission difficile et enthousiasmante, et j’y mettrai toutmon coeur. Je ne serai pas dans une position d’attente. Ilfaut parler aux Français. Je quitte mes fonctions à lamairie de Paris, je vais essayer de prolonger l’élan.
Il y a aussi les directions de partis. Les sentez-vousprêtes à ne pas répéter les mêmes erreurs que parle passé ?
Je sens une sincère volonté de préserver cette union enrespectant les différences de chacun. Pour l’instant c’estpossible et j’espère que ça durera encore. Il n’y a pas devolonté d’uniformisation. Quand La France insoumise(LFI) a revendiqué la destitution, les autres partis,qui n’y étaient pas favorables, ont dit que ce n’étaitpas la meilleure option, mais ce n’est pas un drame.Détendons-nous.
Allez-vous construire un « shadow cabinet » ?
On pense plutôt à donner à voir comment nousgouvernerons. C’est ce que nous avons fait sur la rentréescolaire, en présentant les mesures qu’on mettra enplace. Je pense qu’il est très important que nouscontinuions à travailler sur le fond, pas forcément pourqu’on ait tous les mêmes propositions, mais leprogramme, s’il est une bonne base commune, peut êtreapprofondi et précisé. Il faut aussi retourner parler auxgens pour les détourner d’un vote protestataire en faveurdu RN et de la mise en concurrence des précarités. Lagauche s’est éloignée des ouvriers, des classes populaires.Il faut renouer avec une forme de dialogue.
Vous irez dans des endroits où vous n’êtes pas enterrain conquis ?
J’irai surtout là où les gens votent RN. Ce seraprobablement assez désagréable, mais si on ne restequ’entre nous, on ne risque pas d’élargir le socle électoralde la gauche. Mon idée est d’incarner collectivement ceque serait une alternative de gauche, à échéance dequelques mois si on est appelés à gouverner après lacensure ou en 2027.
On pose souvent un constat de droitisation de laFrance, mais vous dites que les propositions du NFPsont consensuelles dans le pays…
Parce que la droitisation se produit surtout par en haut,au niveau médiatique notamment. Il y a des intérêts trèsclairs de personnes qui ne veulent pas la répartition desrichesses et qui sont pour le statu quo. Mais il y a descycles dans l’histoire. On ne sait pas quand unbasculement se produit. Il faut l’encourager à seretourner et c’est le choix que je fais.
Serez-vous à la mobilisation du 7 septembre ?
J’irais avec grand plaisir si les quatre chefs de partis duNFP y vont.
Mathieu Dejean
Boîte noire
Cet entretien a été réalisé le 29 août 2024. Nous l’avons mis à jouren recontactant Lucie Castets par téléphone le 5 septembre, afi nqu’elle réagisse à la nomination de Michel Barnier à Matignon. Une
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précision a été ajoutée à 18h55, sur la participation de Lucie Castetsà la manifestation du 7 septembre. 06/09/2024 09:40 Lucie Castets : « Michel Barnier, c’est la poursuite de la politique de Macron, voire pire » | Mediapart
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